La crise a fait trébucher la restauration traditionnelle
Selon les derniers chiffres du groupe NPD, la fréquentation en restauration commerciale aurait reculé de 2 % au premier trimestre 2009 par rapport au premier trimestre 2008. La dépense moyenne aurait quant à elle progressé de 0,5 %, le marché enregistrant ainsi une baisse de chiffre d’affaires de 1,5 %. Cette baisse intervient après une année 2008 difficile pour la restauration. Bernard Boutboul, directeur général du Gira, annonçait début mars au Salon du sandwich une baisse de 1,5 % du nombre de repas servis par la restauration au deuxième semestre 2008. « Les comportements mutent. Le midi, les volumes stagnent ou progressent légèrement alors que la dépense stagne voire fléchit. Le soir, la fréquentation s’effondre mais pour ceux qui travaillent bien la dépense moyenne augmente », expliquait-il alors. Autre phénomène à surveiller de près : « le retour de la gamelle ». Selon le spécialiste de la restauration, 12 % de la population active déclarerait y avoir recours pour le repas du midi.
-6 % de fréquentation sur le 4 e trimestre
Si la restauration rapide tire son épingle du jeu dans ce contexte de crise, la restauration traditionnelle souffre, avec des écarts importants d’un établissement à l’autre. « En 2008, l’évolution de la fréquentation oscille entre -19 % et +22 % selon le type de restauration et la région. C’est la première fois que l’on rencontre de telles distorsions en 20 ans », note Bernard Boutboul. Selon l’étude du cabinet Xerfi, les restaurants traditionnels et les cafétérias auraient connu une baisse de 5,8 % de leur activité en volume sur le quatrième trimestre 2008. Cette situation affecte les fournisseurs de boissons et produits agroalimentaires.
Boisson, café, poisson touchés
Face à l’augmentation du taux de prise de la carafe d’eau, France Boissons a enregistré une baisse de 4 % de son chiffre d’affaires l’an dernier. Cafés Richard encaisse aussi un recul de ses ventes de 3 à 4 %. « Chez nos clients, on avait déjà senti une baisse de fréquentation de 5 à 10 % avec la loi anti-tabac début 2008. Au 4 e trimestre s’est ajoutée la crise particulièrement ressentie dans les hôtels et la restauration, le soir, surtout en Province » , commente Arnaud Richard, directeur général.
Dans le secteur des produits de la mer, sur le salon European Seafood, on évoquait une baisse de 15 % des ventes en restauration commerciale (circuit qui absorbait 170 432 t de produits de la mer en 2007). Des opérateurs s’inquiétaient même de l’avenir de certains grossistes du pavillon marée à Rungis. Il faut dire que l’augmentation de 18 % du nombre de défaillances dans le secteur de la restauration sur les trois premiers mois de 2009 (soit 1 300 établissements concernés) n’a pas de quoi rassurer la filière. Les petits restaurants sont les premiers touchés, mais les chaînes de restauration ne sont pas épargnées, tel Léon de Bruxelles (avec -6,6 % début 2009).
A l’inverse, la restauration rapide profite de la crise pour conquérir des parts de marché. Les ventes de McDonald’s France ont progressé de 11,2 % en 2008 par rapport à 2007, après une hausse de +11,3 % en 2007 et +9,8 % en 2006.