La Chine reste en proie au mensonge
Le mensonge est comme un virus. Quand on l’attrape, il est difficile de s’en débarrasser. La Chine vient encore de démontrer son penchant pour la dissimulation. Comme le SRAS, la grippe aviaire a été passée sous silence. D’intéressants témoignages ont été apportés la semaine dernière, lors d’une conférence à Paris. Jean Leclerc du Sablon, auteur de « L’empire de la poudre aux yeux » publié chez Flammarion, a souligné le manque d’autorité du pouvoir central. « Les dirigeants locaux n’en font trop souvent qu’à leur tête », a-t-il déclaré.
Ses vingt ans passés en Chine lui ont appris à « ne pas prendre l’œil du poisson pour une perle ». Mettant en garde ceux qui considèrent le pays comme un eldorado, il a remis en cause certaines statistiques officielles. « Personne ne peut vérifier le taux de croissance de 8 à 9 %, annoncé par le gouvernement. Les chiffres sont trafiqués. En réalité, la croissance est proche de 2 %, aux dires de plusieurs économistes chinois. » Il a cité des estimations selon lesquelles 40 à 50 millions de Chinois vivent avec des revenus comparables aux nôtres et 200 à 300 millions ont des ressources modestes. « De là à considérer le pays comme un marché mirifique… Plusieurs dizaines d’années seront encore nécessaires, a-t-il commenté. Ce qui manque, c’est une réglementation qui permette à l’esprit d’entreprise de se développer ».
Pour son frère, Jacques, enseignant à l’université d’agriculture du Yunnan, « le maillon faible se situe dans l’éducation nationale ». Aujourd’hui, la population est à 62 % rurale et 38 % urbaine. Le Plan gouvernemental prévoit une inversion d’ici à 2020. Dans le même temps, le nombre d’exploitations agricoles doit être ramené de 560 M à environ 350 M. « Il faudra former les paysans pour les faire travailler sur des chaînes à haute valeur ajoutée», a-t-il indiqué. L’effet de la rurbanisation, souhaitée par les autorités, devrait amplifier l’évolution très rapide des habitudes alimentaires. Les Chinois mangent de plus en plus de protéines animales. À la ville, la consommation de viande atteint 20 kg par an, contre 12 à 13 kg dans les campagnes.