La campagne tire vers l’inconnu
Le regain d’intérêt des marchés financiers pour les matières premières a permis de soutenir les marchés à terme ces dernières semaines. Mais la fermeté n’est guère perceptible sur le marché physique, les fondamentaux restant lourds.
Mardi 5 janvier. Depuis l’interruption de cette rubrique hebdomadaire pour raisons de fêtes de fin d’année, l’actualité des marchés céréaliers n’a pas été très riche, ne dérogeant pas à la tradition de la trêve des confiseurs. Seuls les marchés à terme et surtout le marché américain ont entretenu une volatilité due principalement à un regain d’intérêt de la part des fonds d’investissement pour les matières premières. Inspiré par le cours du pétrole ou les fluctuations monétaires, cet engouement a permis de soutenir les prix alors que les fondamentaux restent lourds et devraient tirer à la baisse. Mais ces deux moteurs de tendance se neutralisent peu ou prou et l’on ne retrouve pas forcément sur un marché physique du blé léthargique les fluctuations perçues sur Euronext, elles-mêmes atténuées par rapport à Chicago. Nous avions laissé le marché européen le 18 décembre 2009 avec une cotation du blé de meunerie échéance janvier à 128,50 euros. Nous le retrouvons le 5 janvier 2010 à 131,75 euros. Dans le même temps, sur le marché physique, le blé standard rendu Rouen est passé de 118 euros, base juillet, à 122 euros nominalement, après s’être affiché le plus souvent entre 119 et 120 euros, toujours aussi nominalement, en raison du manque de transactions effectives, vendeurs comme utilisateurs étant absents du marché. On ne les y attend guère, les uns comme les autres, avant au moins une semaine.
Le retour aux affaires se fera dans un contexte confirmé de très fortes disponibilités avec, rappelons-le, un stock en OS au 1er décembre de 10 millions de tonnes (Mt), contre 8,7 Mt il y a un an. Si les besoins de la meunerie sont relativement stables d’une campagne à l’autre, en revanche ceux de l’industrie de la nutrition animale continuent d’afficher une tendance baissière inquiétante.
Des exportations à la peine
De même, les exportations vers les pays tiers ne parviennent pas à rattraper leur retard et si l’on considère les 3,6 Mt de certificats tirés au 23-12-09 pour l’origine France, il va falloir un sérieux coup d’accélérateur pour réaliser dans la deuxième partie de la campagne les 5 Mt nécessaires à l’accomplissement de l’objectif officiel souhaité de 8,5 Mt ; d’autant que la Russie vient encore de faire la preuve de sa compétitivité en enlevant, seule, l’appel d’offres égyptien du 30 décembre, pour 240 000 t.
En ce qui concerne l’orge, la situation est claire mais pas brillante : les cours n’ont pratiquement pas bougé depuis notre dernière chronique, entre 98 et 99 euros rendu Rouen ; les offres à l’intervention se sont ralenties. Elles atteignaient en France, au 20 décembre, 408 000 t sur un total européen de 2,47 Mt.
Le maïs, toujours très fermement orienté à Chicago (voir ci-contre) pour raisons de difficulté de fin de moisson, voit cette tension confirmée par Euronext, le marché physique suivant le mouvement malgré l’étroitesse des transactions.