La baisse des cours est de retour
Même s’ils restent connectés à leurs fondamentaux, les marchés sont de plus en plus dépendants de facteurs extérieurs. Le colza devrait rester au sommet en raison des faibles récoltes réalisées ou à venir, mais il s’effrite sur la base de considérations économiques globales.
Après une belle période de progression liée à des conditions climatiques difficiles aux États-Unis, le soja fait un petit retour à la baisse. Le marché n’a pas été surpris, les opérateurs ont fort logiquement pris leurs bénéfices en fin de semaine dernière, dans la mesure où les Bourses devaient fermer pour trois jours, le lundi 5 septembre étant chômé outre-Atlantique en raison de la fête du travail. Le redémarrage ce mardi s’est fait en demi-teinte, vu la morosité qui règne sur l’économie mondiale. Le rapport du 12 septembre du département américain de l’Agriculture (USDA) est attendu par les opérateurs pour redonner une direction au marché.
Bonne récolte de colza en 2011
Les prévisions de production de colza en Europe connaissent de nombreux rebondissements. En France, après une mauvaise récolte 2010, on va finalement avoir une belle récolte cette année, aux alentours de 5,2 millions de tonnes (Mt). En Allemagne, par contre, avec des revers climatiques à répétition, les révisions à la baisse se succèdent. Les dernières estimations font état d’une récolte de 3,8 Mt, avec des rendements en huile qui seraient mauvais et, cerise sur le gâteau, les semis pour la prochaine récolte sont déjà fortement retardés et le potentiel 2012 pourrait être atteint.
Il n’est donc pas certain que l’Union puisse disposer pour cette campagne des 18,9 Mt prévues alors que les stocks de soudure sont modestes. Or, les besoins continuent de croître. Les importations vont donc s’intensifier, en tout cas dans les intentions car la concurrence sera rude, d’abord entre les États membres de l’Union, notamment de la part de notre voisin allemand, et ensuite vis-à-vis des géants mondiaux comme la Chine dont la production accuse une baisse pour la seconde année consécutive.
Dans ces conditions, on aurait pu s’attendre à une hausse des cours des graines de colza. Or c’est l’inverse qui s’est produit, notamment durant la première quinzaine d’août. La raison principale provient sans doute des marges de trituration jugées peu attractives par les industriels.
Il est vrai que, dans le prolongement de la fin de la campagne dernière, les prix des graines de colza ont démarré pour 2011-2012 à un niveau relativement élevé. Comparés à ceux de la même époque un an plus tôt, ils se situent à 50 % au-dessus d’après Oil World, alors que les prix de l’huile et des tourteaux enregistrent une hausse de « seulement » 45 % et 11 % respectivement.
On constate néanmoins que les cours se sont redressés ces derniers jours, essentiellement grâce à des facteurs externes comme la hausse du soja et du pétrole, ou des prévisions de récolte de canola canadien situées dans la fourchette basse des attentes. Les fondamentaux sont excellents mais les produits concurrents existent et peuvent limiter la baisse, de même que l’ambiance économique globale peut fortement impacter les cours.