Innovation : trouver les idées et faire émerger les projets
Pas besoin d'avoir beaucoup de moyens pour stimuler la créativité dans les PME. Faire de la veille, permettre aux idées des salariés d'émerger, développer des séances de créativité ou regarder ce qui se fait à l'étranger peuvent déboucher sur des innovations. Reste ensuite à rapidement les confronter aux utilisateurs, par exemple via la grande distribution, friande de nouveautés.
En matière d'innovation, les industries agroalimentaires ont souvent de petits moyens. En 2009, les entreprises du secteur ont consacré 1,8 % de leur valeur ajoutée aux dépenses de recherche et développement. Car comparées aux autres industries, comme la pharmaceutique ou l'automobile qui mobilisent beaucoup plus de moyen en R&D, les IAA (industries agroalimentaires) sont souvent de petites tailles.
Agilité et souplesse dans l'innovationEt pourtant en matière d'innovation, les PME ont une carte à jouer. « Les petites structures permettent de garder en agilité, en souplesse et en adaptabilité, explique Yann Coirault, spécialiste de l'innovation chez CSP Formation. Certaines grandes entreprises, très innovantes, ont même fait le choix de découper leur structure en réseau de PME. » ” Pour innover, faut-il encore créer « une culture d'entreprise, propice à l'innovation », complète-t-il. Car c'est à la direction d'insuffler un esprit de création dans les équipes, et encore plus de dégager du temps pour cela. « On cite volontiers Google, où 20 % du temps est consacré à innover », poursuit-il. L'entreprise peut ainsi, sur la base du volontariat, demander à des salariés de faire de la veille. « Il s'agit de créer un conseil de l'innovation de quelques salariés, où chacun va s'occuper d'un domaine : la réglementation, la concurrence, la consommation… afin de trouver des idées ensemble », note Yann Coirault.
“ 1,8 % de valeur ajoutée consacré aux dépenses R&D
À Lille, trois écoles d'ingénieurs (Isa, Isen, HEI) se sont associées pour former leurs étudiants à l'innovation. Un bâtiment dédié à ces « Adicodes » va même ouvrir ses portes en septembre prochain. « Nous travaillons selon la méthode du co-design, explique Céline Dubois-Duplan en charge des Adicodes. Ce sont des séances de créativité qui vont faciliter l'intelligence collective ». Dans une salle aménagée pour favoriser le travail collaboratif, des experts de différents domaines vont travailler ensemble à la résolution d'un problème. À l'animateur de faciliter l'émergence d'idées nouvelles. Si à l'origine il s'agissait d'un programme pédagogique, le projet est maintenant ouvert aux entreprises : soit en proposant des sujets aux étudiants, soit en passant une journée avec un animateur à créer en interne de nouvelles idées.
Yann Coirault préconise également l'innovation « participative », en organisant des concours internes, par exemple. « Il faut trouver le bon thème, le bon moment et aussi un petit budget pour récompenser les idées gagnantes », explique-t-il. Pour trouver des concepts innovants, Esther Huguenel-Durand, consul->> tante en stratégie de marques, préconise de s'intéresser de près à l'étude des consommateurs. « Il faut écouter au quotidien, qualitativement, les consommateurs. Quand on connaît bien son marché, on peut comprendre les motivations profondes derrière une tendance précise. »
Être le premier sur le marchéDes idées qu'il faut ensuite concrétiser. « Quand on demande aux salariés de trouver des idées, il faut déjà faire face à la déception de ne pas pouvoir toutes les retenir. Donc celles qui sont retenues, doivent absolument être traduites en projet », relate Yann Coirault. Par exemple, dans une entreprise comme Tefal, le comité de direction consacre deux heures par semaine à étudier les propositions des salariés. « Dès qu'une idée est retenue, ils mettent immédiatement en place un pilote », explique-t-il. Dans les entreprises qui ont mis en place ces groupes d'innovation, l'heure est maintenant à la course contre la concurrence. « Beaucoup d'entreprises nous demandent comment faire pour diviser par deux le “ time to market ”, afin d'être les premiers », note Yann Coirault. Et pour réduire le temps, il faut s'inspirer de l'informatique. « Il n'est pas obligatoire de mettre sur le marché un produit totalement fini, on peut lancer une version bêta, recueillir les impressions des utilisateurs et ajuster l'innovation. Ou encore mettre le client au cœur de l'innovation dès le lancement du pilote pour réajuster plus tôt », poursuit-il.