Recherche et développement
Ingredia accélère sur les peptides laitiers
Ingredia engage avec l’Institut Charles Viollette un programme de recherche de trois ans sur les peptides laitiers. Il doit permettre de caractériser plus rapidement leurs fonctionnalités.
Ingredia s’ouvre les champs prometteurs des peptides à destination de la nutrition santé. Le leader européen des ingrédients, 3e acteur mondial dans le domaine des protéines de spécialité, vient de créer une unité mixte de recherche (UMR) avec l’Institut Charles Viollette, dénommée All in pep. Cette nouvelle collaboration entre recherche académique et R&D d’Ingredia a démarré officiellement en décembre 2017 et devrait permettre d’accélérer la recherche sur les peptides laitiers en levant les verrous scientifiques et industriels.
« La voie innovante proposée par cette nouvelle UMR consiste à isoler les peptides actifs qui apporteront des bénéfices santé tout en apportant la preuve de leurs bienfaits », précise Rozenn Ravallec, enseignante-chercheuse à l’Institut Charles Viollette et codirectrice de l’équipe mixte All in pep.
Des peptides antihypertensifs, satiants, opioïdes…
« Ces travaux permettront d’obtenir des peptides antihypertensifs, satiants, opioïdes, antimicrobiens recherchés par le secteur de la nutrition santé », déclare de son côté Gianni Froidevaux, responsable scientifique d’Ingredia (groupe coopératif Prospérité fermière) et codirecteur de cette équipe mixte qui prévoit « d’en récolter les premiers fruits dès 2019 ».
Le projet a obtenu « un financement incitatif de 1 million d’euros » pour les trois prochaines années, dont 50 % financés par le Fonds européen de développement économique (Feder) régional et le reste par l’université de Lille I. Ingredia reste néanmoins discret sur sa participation financière. Dix-sept chercheurs (dont huit de l’institut) sont engagés dans cette UMR qui vient de recruter quatre personnes.
« Notre défi, c’est d’exploiter toutes les richesses du lait en passant d’une stratégie de volume à une stratégie de valeur », a réaffirmé Sandrine Delory, directrice générale d'Ingredia, le jour du lancement. Pour la directrice générale d’Ingredia, l’innovation est vitale si l’entreprise veut continuer à figurer dans la cour des géants mondiaux du lait.
Cette dernière s’est fait remarquer avec le lancement de sa molécule antistress (Lactium) issue d’une recherche entamée en 1997 et dont les premiers produits ont été commercialisés en 2004. Elle a choisi de développer l’innovation en se fixant une dizaine de thèmes de recherche en 2015. Deux d’entre eux ont déjà abouti et sont en phase de commercialisation. Il s’agit de Prodiet Fluid, des protéines de lait destinées aux boissons hyperprotéinées (14 % de protéines) à destination de la nutrition clinique et sportive. Quant à Promilk 600 A, le produit rend les yaourts plus crémeux tout en limitant le taux de matières grasses. Ingredia a investi 10 millions d'euros dans ces deux projets. Elle vient également de démarrer un programme ambitieux de développement de la production de protéines au nom de code « Jano ».
2 000 tonnes supplémentaires de protéines dès juillet 2018
Les 10 millions d’euros d’investissement devraient lui permettre de produire 2 000 tonnes supplémentaires de protéines dès juillet 2018. Ce programme devrait rééquilibrer les différentes fabrications d’Ingredia : si la production de lait de consommation devait rester stable, Sandrine Delory estime qu’il devrait y avoir un transfert d’une partie des fabrications de poudres classiques vers la production plus rémunératrice de protéines laitières.
L’Institut Charles Viollette en bref
L’Institut Charles Viollette, institut régional de recherche en biotechnologie et agroalimentaire créé en 2014, regroupe 150 personnes sur cinq sites de recherche (université de Lille I, université d’Artois, université du littoral-côte d’Opale, YNCREA de Lille et ICAM). L’institut s’appuie sur trois équipes de recherche : l’équipe Probiogem est spécialisée dans les procédés biologiques, le génie enzymatique et microbien ; l’équipe ASQV étudie les propriétés fonctionnelles des métabolites d’origine végétale ou microbienne ; l’équipe QSA développe des méthodes pour améliorer la qualité et la sécurité des aliments. L’institut travaille en lien avec les pôles de compétitivité NSL, IAR et Aquimer et collabore avec des laboratoires internationaux (université Laval à Québec et campus Agro-bio Tech à Gembloux de l’université de Liège).