« Il ne faut pas opposer le prix et la qualité »
> Jérôme Bédier, directeur général délégué de Carrefour.
Les Marchés Hebdo : Quel enseignement tirez-vous de la récente étude de l'ObSoCo menée pour l'Ania, la FCD et Intermarché ?
Jérôme Bédier : C'est une confirmation très intéressante que les consommateurs sont attachés à la vérité des produits. La traçabilité, nous considérons que c'est un dû. Les consommateurs veulent des offres sincères, des produits qui leur parlent. Il ne faut pas opposer le prix et la qualité. Attention, c'est différent de mettre en avant le prix dans la communication et de faire du prix l'objectif d'une profession. L'objectif, c'est d'avoir des produits qui correspondent à nos concitoyens qui n'ont pas tous forcément des moyens importants. Ce qui est essentiel, c'est le bon rapport qualité/prix. Personne ne mange des prix. Nous mangeons des produits.
LMH : Le 10 mai aux Assises de l'alimentation vous disiez que « tous les problèmes de filières se sont toujours résolus par une mon-tée en gamme », concrètement comment ça se traduit dans la stratégie de Carrefour ?
J. B. : Dans les filières des produits frais, c'est toujours la valeur ajou-tée qui a permis de tracer l'avenir. Il y a beaucoup de produits qui ont des crises liées à une insuffisante prise en compte de la qualité. On ne donne pas souvent l'exemple du vin. Mais c'est là où il y a eu les plus violentes manifestations dans le sud de la France. Tout le travail ” de qualité fait sur ces vins a produit ses effets. Le même travail a été fait sur le poulet, à partir des labels. Chez Carrefour, nous avons développé le poulet sans antibiotique ou encore l'œuf 100 % alimentation française qui ont bien fonctionné. Nous proposons aussi du comté avec différents âges d'affinage. Ce travail de valeur ajoutée se fait progressivement en concertation avec les producteurs. Et on l'explique au consommateur.
“Nous ne voulons surtout pas de guerre de prix sur le bio
LMH : E.Leclerc, tout comme vous, va sur le bio. N'y a-t-il pas un risque que la guerre des prix se déplace sur le haut de gamme ?
J. B. : Le bio, c'est une vieille passion de Carrefour. Nous sommes le premier vendeur de bio en distribution généraliste. On veut un prix du bio démocratique. Il faut une communication institutionnelle pour dire que l'on en fait. Mais nous ne voulons surtout pas de guerre de prix sur le bio.