IGP et AOP se renforcent face aux marques
> Les assises de l'origine se sont déroulées le 27 mai dernier à Bordeaux.
L'engouement des régions, parcs nationaux, départements et autres collectivités pour les marques valorisant leur image par les produits de terroirs est palpable. Depuis 1996, les AOP et IGP se protègent des marques de l'agroalimentaire. Elles se défendent désormais contre les marques collectives. C'est notamment le cas du foie gras du Sud-Ouest IGP, qui, lorsque les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées ont décidé de créer une marque Sud-Ouest, s'est opposé à tout étiquetage produit lors de manifestations communes tant dans les GMS que dans des salons.
Certains fabricants de foie gras implantés dans la région Sud-Ouest, n'ayant pas souhaité rentrer dans l'IGP, auraient pu, par le biais de la marque régionale Sud-Ouest, porter l'inscription « Sud-Ouest » tout en ne respectant pas le cahier des charges de l'IGP. A contrario certains fabricants de produits, tant alimentaires que non alimentaires, n'ayant pas pris soin de protéger leur nom en ont payé les conséquences. Les exemples du « brie », du « camembert » ou de « laguiole », tous noms géographiques, en sont plus frappants.
Le champagne intouchableIntervenant aux assises de l'origine, le directeur juridique du comité interprofessionnel du vin de Champagne (Civc) a expliqué comment l'appellation se défendait. « Quand on sait qu'environ 305 millions de bouteilles sont vendues chaque année, dont 50 % à l'export avec l'apport qui en résulte sur la balance commerciale, on comprend mieux pourquoi le Civc ne laisse rien passer en matière d'usurpations », a-t-il déclaré, précisant que 1 067 dossiers dans quatre-vingts pays sont « pendants ». « Le nom de notre appellation est intouchable, il est le lien direct avec notre produit dans un réflexe quasiment “ pavlovien ” », a-t-il poursuivi.
L'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité) veille également au grain. Pour le cas du foie gras du Sud-Ouest, une charte de bonnes pratiques a été signée entre l'Inao et la marque Sud-Ouest France afin, à la fois, de limiter les risques de confusion dans l'esprit du consommateur, mais également de protéger les productions patrimoniales de terroir.
Il s'agit d'« un combat économique pour redonner de la valeur ajoutée à la production agricole au sein de démarches volontaires et collectives dans lesquelles on définit des règles pour pouvoir les contrôler », a souligné Jean-Luc Dairien, directeur de l'Inao. « Les Siqo (signes d'identification de la qualité et de l'origine, ndlr) participent à l'aménagement du territoire qui revêt un rôle structurant pour les autorités locales avec une obligation de résultats partagés. La stabilisation de l'origine d'un produit le rend indélocalisable », a-t-il poursuivi.
Alors qu'il y a deux ans, un premier pas avait été franchi par la reconnaissance mutuelle de dix produits chinois et dix produits européens, des négociations sont en cours entre l'Union européenne et la Chine pour faire enregistrer 100 indications d'origine européennes en Chine (dont une quarantaine d'appellations françaises, essentiellement viticoles) contre 100 indications géographiques chinoises dans l'Union européenne. Depuis décembre 2009, les grandes appellations se protègent. C'est le cas pour le cognac et, depuis 2013, du champagne, protégé sous son nom officiel ainsi que sous la transcription romanisée (pinyin) des caractères chinois « xiang bin ». C'est ainsi que les Chinois appellent ce vin.