Forte chute dans le sillage du pétrole
Les marchés des oléagineux ne résistent pas à la morosité qui s’est emparée de l’économie mondiale et à la chute des cours du pétrole qui l’accompagne. Les chiffres USDA à paraître ce jeudi sont susceptibles de donner une nouvelle impulsion, à la baisse ou à la hausse.
Les cours du complexe oléagineux sont pris entre deux feux. Les liquidations massives des fonds n’épargnent pas les cours du soja qui s’inscrivent sans cesse à la baisse depuis début juin. La situation que l’on sait tendue aux États-Unis entre l’offre et la demande ne suffit plus actuellement à maintenir les cours. Les ressources en provenance d’Amérique du Sud alimentent le marché mondial à la hauteur de la demande pour le moment et masquent la situation particulière des États-Unis. L’équilibre est fragile et les prix vacillent en fonction des actualités du marché. Après avoir rythmé les nouvelles et alimenté les inquiétudes, les semis ont fini par se réaliser pratiquement dans les temps. Les notes de cultures diffusées par le département américain de l’Agriculture (USDA) sont rassurantes (68 % des cultures sont jugées bonnes à excellentes contre 67 l’an dernier à la même période). Les acteurs tournent leurs regards ailleurs. Ce sont les annonces régulières de résiliations et de reports des achats antérieurs réalisés par la Chine en graines des États-Unis qui aujourd’hui attirent l’attention. Entre une trituration intérieure en légère baisse et des exportations qui pourraient bien ne pas être à la hauteur des anticipations, le stock pourrait être un peu moins maigre à la fin de la campagne (31 août). Il est prévu à seulement 4,9 millions de tonnes (Mt) dans le rapport USDA du 9 juin, mais ne perdons pas de vue que ce stock représente tout juste 5 % des utilisations (consommation intérieure et export). Une augmentation marginale n’aura guère d’impact sur la situation fondamentale. Elle risque, en revanche, de jouer sur l’ambiance et la perception qu’ont les différents acteurs du marché.
Le cours du colza cède
Après s’être glorieusement maintenu depuis début juin, le cours du colza ne résiste pas. Les prix sur Euronext ont ainsi accusé une baisse de 20 euros/t en cinq séances la semaine dernière. La pression des investisseurs est trop forte et les prix suivent le mouvement à la baisse des autres matières premières. Les primes cotées sur les différentes parités françaises s’effritent également faute d’intérêt. Sur le marché physique, les vendeurs attendent la récolte pour faire le point de leurs engagements et prendre de nouvelles positions, tandis que les acheteurs brillent par leur absence. La pluie est venue les rassurer quelque peu, mais la récolte sera quoi qu’il en soit inférieure à celle de l’an dernier en Europe. Le bilan, on le sait, ne s’équilibrera qu’au prix d’importations de graines conséquentes. L’agence statistique canadienne a annoncé une hausse spectaculaire de 17 % des surfaces de canola. Il ne s’agit pas encore de surfaces emblavées mais toujours d’intentions. Les conditions météo de ces dernières semaines ne sont pas intégrées dans ces statistiques. Toujours est-il que la hausse de production sera forte ; elle pourrait se situer entre 1,3 Mt et 1,8 Mt de plus que l’an dernier, selon les analystes.