Export en vif : les errances de trop ?
Les errances de deux vaisseaux bétaillères à travers la Méditerranée ont défrayé la chronique ces dernières semaines et touchent à leur fin. Le Karim Allah, chargé de 864 jeunes bovins, limousins, charolais et croisés, et l’Elbeik, avec 1 800 animaux à son bord, avaient quitté l’Espagne mi-décembre. Ils devaient transporter les bovins de l’autre côté de la Méditerranée, un trajet parmi tant d’autres depuis que l’Espagne a développé ses exportations de bovins vifs vers le Maghreb et le Proche-Orient. Mais les deux navires se sont vu refuser l’autorisation d’accoster par plusieurs pays, notamment la Turquie et la Libye, les animaux étant suspectés d’être porteurs de fièvre aphteuse. Or l’Union européenne n’autorise pas le transport d’animaux vifs en provenance de Libye pour raison sanitaire. Les bovins n’ont donc pas pu être rapatriés et ont connu une longue errance en mer. Finalement de retour à Carthagène le 22 février, le Karim Allah a vu sa cargaison euthanasiée. Une vingtaine d’animaux morts en mer ont été découpés et jetés par-dessus bord. L’Elbeik a rejoint à son tour Carthagène après trois mois de navigation et les 1 700 animaux restants devraient être abattus à leur tour. Leur propriétaire les juge néanmoins indemnes de fièvre aphteuse et explique leur calvaire par une erreur administrative, leur région d’origine ayant été indiquée de façon erronée (Aragon, au lieu de Saragosse, en zone indemne), rapporte The Guardian. Ce périple, suivi et relayé sur les réseaux sociaux par les associations animalistes (L214, Welfarm, CIWF) pose la question de l’acceptabilité sociétale de l’exportation en vif. Les pays acheteurs le plébiscitent pour avoir la garantie d’un abattage halal, limiter les risques de rupture de la chaîne du froid et produire une partie de la valeur ajoutée sur leur territoire.