Eurial lance un plan de développement caprin
Olivier Athimon, directeur général d’Eurial, revient pour Les Marchés Hebdo sur le plan de soutien à la filière caprine lancé à l’occasion de Capr’Inov. Le groupe veut augmenter sa production de 25 millions de litres de lait de chèvre sur cinq ans.
Les Marchés Hebdo : Pourquoi souhaitez-vous consolider votre position sur la filière caprine ?
Olivier Athimon : En tant que groupe coopératif, c’est dans l’essence même de nos objectifs de développer la position de nos éleveurs en volume comme en valeur dans la filière caprine. Le marché du lait de chèvre se développe de manière importante et bénéficie d’une image positive auprès du consommateur. Le marché se diversifie et s’internationalise plus que la production caprine. Donc, nous voulons donner un coup de boost et remettre cette filière sous les feux de la rampe. C’est une production animale qui se porte plutôt bien.
LMH : Comment comptez-vous procéder ?
O. A. : Nous lançons un plan caprin de soutien aux éleveurs actuels et futurs. Eurial a déjà une position forte sur la filière caprine, qui représente 30 % de son chiffre d’affaires. En amont, ce plan implique le recrutement dans les cinq ans d’une centaine de nouveaux éleveurs de chèvres en tant qu’adhérents d’Agrial. À l’horizon 2020, Eurial aura besoin de 5 millions de litres de lait supplémentaires par an, soit 25 millions de litres. Nous avons actuellement une collecte de 150 millions de litres. Il faut aussi que nous compensions les arrêts. La filière du lait de chèvre est trop méconnue, notamment dans les écoles agricoles. Les transmissions ne se font pas. En aval, nous avons trois leviers : l’internationalisation avec l’ouverture à de nouveaux partenariats, le développement de nos marques, Soignon notamment, et l’innovation. Nous allons continuer à renforcer nos innovations sur le segment du fromage frais, sur les ingrédients, afin de développer les usages du fromage de chèvre, ou encore sur l’ultrafrais. Notre marque détient 50 % de parts de marché de ce créneau, et nous pouvons encore élargir.
LMH : Avez-vous prévu des investissements industriels ?
O. A. : Nous allons investir dans nos capacités de transformation et dans les innovations. D’ici à 2020, 20 millions d’euros seront injectés dans nos outils, avec notamment le développement des capacités de caillage sur certains de nos sites industriels.
LMH : Vous êtes déjà présent en Espagne, en Belgique et aux États-Unis. Avez-vous d’autres projets industriels à l’étranger ?
O. A. : Nous sommes présents en Belgique et en Espagne car avec la France, ce sont les deux autres foyers de lait caprin les plus importants en Europe. Aux États-Unis, nous croyons fermement à cette production et le marché se développe. Il y a d’autres productions en Europe qui ne sont pas structurées. Eurial réalise déjà 30 % de son chiffre d’affaires à l’export. Dans la filière caprine, 50 % des ventes se font à l’export. Nous avons de fortes ambitions à l’étranger. Nous y avons une quinzaine de bureaux commerciaux.
LMH : Pensez-vous nouer d’autres alliances avec des coopératives ?
O. A. : Nous sommes dans un projet offensif pour développer la production en volume comme en valeur. Évidemment, nous sommes ouverts à d’autres coopératives. Mais il faut être deux. Nous sommes ouverts si d’autres coopératives peuvent et veulent nous rejoindre.
Un prix moyen de 690 euros les 1 000 litres en 2016
Entre 2000 et 2014, la production de lait de chèvre en France est passée de 476 millions de litres à 584 millions de litres, selon l’Anicap, et ce malgré la baisse ponctuelle de la production consécutive à la crise de 2009-2011. Cette situation s’est accompagnée d’une valorisation du prix du lait de chèvre payé aux éleveurs. Son prix moyen est passé de 611 euros les 1 000 litres en 2010 à 672 euros les 1 000 litres en 2014, selon l’Idele. En 2015, Eurial a collecté 140 millions de litres avec un prix moyen payé aux producteurs de 684 euros. Selon le groupe, ce prix moyen devrait atteindre 690 euros cette année.