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Et si les cantines jouaient la carte de l'origine France...

Alors que les organisations professionnelles s'alarment de l'origine des aliments servis dans la restauration collective, un guide va de paraître pour aider les collectivités à jouer la carte du made in France, tout en respectant le code des marchés publics.

Les collectivités territoriales, responsables de la restauration scolaire, jouent-elles le jeu du made in France ? Malgré l'appel du ministre Stéphane Le Foll à faire preuve de « patriotisme alimentaire », les organisations professionnelles agricoles sont dernièrement montées au créneau pour réclamer des produits français dans les assiettes des élèves de ” primaire, collèges et lycées.

La moitié de la viande bovine servie par Sodexo est d'origine française

En octobre, la Fédération nationale bovine (FNB) a ainsi écrit aux élus, et mi-octobre, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a annoncé le lancement d'une enquête dans la restauration collective. Les enquêteurs ont commencé à visiter des restaurants collectifs administratifs, hospitaliers, maisons de retraite, mais aussi bien sûr ceux des écoles primaires, collèges et lycées. Le pourcentage des approvisionnements venant de France est noté pour une liste de produits définis par la FNSEA : végétaux (frites, haricots verts, pomme, raisin), laitiers (emmental et buche de chèvre) et carnés (steak haché, côte de porc, cuisse de poulet, côte d'agneau).

Les enquêteurs s'assurent aussi du respect de l'affichage obligatoire de la viande bovine dans la salle de restauration. Un tiers des départements sont engagés sur le sujet. « Mi-décembre, nous devrions pouvoir faire la synthèse de ces remontées, explique Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. Nous sommes en train de découvrir l'ampleur du phénomène. Tout se fait dans la légalité, mais pour nous il s'agit d'une dérive. Les gens vont découvrir qu'il y a de moins en moins de provenance nationale dans la restauration collective. » L'un des spécialistes de la restauration collective, Sodexo, a annoncé suite aux manifestations du syndicat agricole le 5 novembre que « la moitié de la viande bovine servie par Sodexo est d'origine française ». Et certaines collectivités essayent de montrer pattes blanches. Pour Dominique Barrault : « Il y a bien sûr, quelques essais d'approvisionnements locaux nés de collaborations entre conseils régionaux et chambres d'agriculture. Ce qu'ils prouvent, c'est que ce qui est montré comme difficile peut devenir possible. »

Le sujet,

Le sujet, très politique, sera abordé au Congrès des maires de France du 25 au 27 novembre. La restauration collective devrait davantage jouer le « patriotisme alimentaire », estime la FNSEA, soutenue par le ministre Stéphane Le Foll. Une opinion partagée par certains industriels comme Gelagri. Reste que le prix dicte l'approvisionnement et que l'Europe veille à la non discrimination dans les achats publics.

Favoriser plutôt que contraindre

Du côté des pouvoirs publics, on entend favoriser ces initiatives et les multiplier plutôt que de mettre en place des mesures contraignantes. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, présentera au Congrès des maires de France (du 25 au 27 novembre) un guide d'achat préparé par ses services pour faciliter l'approvisionnement de proximité. Il est conçu comme un outil pour les donneurs d'ordres, afin qu'ils puissent dans le respect des règles sur les appels d'offres et les marchés publics orienter leurs achats vers>> les produits locaux. Ce guide s'appuie sur des initiatives locales, comme celles réalisées par la Draaf Rhône-Alpes. Son but est de faire connaître les façons de privilégier l'origine France, dans le respect des règles communautaires. Pour privilégier la provenance nationale, il faut jouer serrer avec les critères d'achats dans les cahiers des charges. Le code des marchés publics interdit le recours à un critère d'origine géographique, afin de ne pas éliminer des fournisseurs (principe de non-discrimination). Il faut donc sélectionner des critères dits ” « non discriminatoires », comme la fraîcheur ou le bilan carbone pour attribuer les marchés.

Un appel à projets de 600 000 euros pour encourager les initiatives

Autre levier d'action, le nouveau règlement de développement rural pour 2014/2020 (Feader) qui propose parmi les priorités d'encourager le financement du développement de circuit court. De même, lors de la présentation du plan national alimentation en octobre, l'un des objectifs dictés par le ministère est de favoriser l'approvisionnement des collectivités en produits sous signes de qualité, d'origine, locaux ou français. Un appel à projets de 600 000 euros en faveur des initiatives de terrain a également été lancé. Les résultats seront présentés lors du Salon de l'agriculture.

Agrilocal fait des émules au-delà de la Drôme

En termes d'initiatives locales, la plateforme Agrilocal, née dans le département de la Drôme, est celle qui fait le plus d'émules. Ce site Internet met en relation directe les acheteurs et producteurs. L'acheteur engage une consultation en définissant les critères d'achat comme le prix, la fraîcheur, la maturité. La plateforme génère alors automatiquement une demande auprès des fournisseurs susceptibles de répondre. Une fois les devis réalisés, l'acheteur choisit l'offre correspondant le mieux à ses critères.

Initié par le conseil général de la Drôme, d'autres départements y ont adhéré comme le Puy-de-Dôme, l'Ardèche, l'Allier, l'Hérault… Dernier en date, le conseil général d'Indre-et-Loire qui a rejoint le dispositif le 13 novembre dernier.

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