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ESB : l’Afssa découvre six cas atypiques

Six cas atypiques de vaches folles ont été détectés en France, selon un rapport du ministère transmis à l’Office international des épizooties (OIE). Élément troublant, des ressemblances existent avec la tremblante du mouton. L’hypothèse d’une maladie sporadique, non liée à la consommation de farine animale, est relancée. Explications de Thierry Baron, chef de l’unité de virologie à l’Afssa de Lyon.

LM :Que révèlent vos travaux ?

T. B.: Contrairement à toute attente, nous avons mis en évidence des profils moléculaires différents chez des bovins atteints d’ESB. Cela amène deux hypothèses. Soit, il n’existe qu’un agent infectieux, présentant des caractéristiques moléculaires différentes. C’est l’hypothèse la plus probable. Soit, il existe une autre origine infectieuse. Jusqu’à présent, on a toujours considéré que les bovins étaient contaminés par un même agent. Les caractéristiques de la maladie sont très uniformes. D’un cas à l’autre, la répartition des lésions du cerveau présente de grandes similitudes. Mais, les travaux de transmission de l’ESB à la souris sont peu nombreux. Se sont eux qui permettent d’établir la carte d’identité de l’agent infectieux. Des tissus contaminés de neuf vaches britanniques ont été inoculés à des souris, alors qu’on dénombre plus de 180 000 cas d’ESB au Royaume-Uni. La même expérience a été réalisée avec une vache française, à comparer aux 800 cas dans l’Hexagone.

LM : Comment poursuivez-vous vos recherches ?

T. B. : L’inoculation de broyats de cerveaux à des souris permettra de caractériser l’agent infectieux des six cas atypiques. Les premiers résultats sont attendus pour la fin de l’année. En parallèle, nous regardons tous les précédents cas d’ESB. L’analyse est menée sur les trois dernières années, à partir de plusieurs centaines de prélèvements congelés. Elle donnera une idée de la fréquence des cas atypiques. Les animaux les plus âgés sont ciblés en priorité, car les six vaches atteintes étaient âgées entre 8 et 15 ans. Cette donnée est intéressante. Elle est compatible avec l’hypothèse d’un autre agent infectieux. D’ailleurs, nos observations montrent une ressemblance avec certains cas de tremblante expérimentale chez les bovins.

LM : Quelles peuvent être les implications sur la police sanitaire actuelle ?

T. B. :Tout dépend de la diffusion de l’agent responsable de ces cas atypiques. Pour les cas classiques, on sait que le prion est localisé dans le système nerveux central. C’est ce qui conduit à retirer de la chaîne alimentaire toute une série de matériels à risque : la cervelle, la colonne vertébrale, les yeux, accessoirement, les intestins et, avec zèle, la rate. Plusieurs laboratoires ont réalisé des observations comparables aux nôtres. En octobre à Munich, des équipes italiennes ont présenté leurs travaux sur deux cas atypiques, montrant des différences sur le plan lésionnel. Rien ne permet de connaître à priori le comportement d’un agent infectieux. Les deux facteurs pouvant intervenir sont l’espèce contaminée et l’agent lui-même. Si ce dernier est différent, on peut espérer que sa distribution soit limitée, comme chez les bovins.

Une donnée rassurante est que les vaches contaminées expérimentalement par la tremblante du mouton ont une diffusion de l’agent infectieux limitée au système nerveux central. Si l’hypothèse d’une ESB sporadique, évoquée depuis longtemps, s’avère exacte, cela pourrait signifier que des cas sont susceptibles d’apparaître dans des zones indemnes de contamination liée aux farines animales.

 

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