En Languedoc-Roussillon, les producteurs s'organisent
En Languedoc-Roussillon, les producteurs d'huiles d'olive sont pour la plupart réunis dans une démarche commune. « L'initiative de cette aventure revient à Coop de France, que nous avons intégré en tant que section il y a trois ans », rapporte Hélène Pagès, directrice de la coopérative oléicole de Clermont-l'Hé-rault. Des neuf coopératives que compte la région, six ont intégré la démarche collective, les autres, trop modestes, préférant rester en dehors. « Le travail mené par l'animateur de Coop de France, Louis-Antoine Saisset, a consisté d'abord à nous faire nous rencontrer, nous parler, ce qui n'était pas forcément évident. Nous avions plutôt l'habitude de nous voir comme des concurrents », se souvient-elle. Pour faciliter la rencontre : une récolte très importante en 20102011 et un risque de surproduction laissant augurer des soucis de commercialisation. DR
Lien avec les coopératives viticoles de la régionAu fil des discussions entre coopératives, puis d'un voyage d'étude en Espagne, des thématiques communes se dégagent rapidement, portant principalement sur les problèmes de marketing et la commercialisation, la valorisation des sous-produits, avec pour convergence : les variétés locales, la pérennité des terroirs…
La filière oléicole régionale représente une production moyenne de 1 000 t d'huiles produites par 5 544 associés coopérateurs et soixante-dix-sept salariés équivalents pleinstemps. Après la forte récolte de 2010, les trois années suivantes ont été fort modestes, jusqu'à 2014, qu'Hélène Pagès qualifie « d'année blanche ». Les trombes d'eau qui se sont abattues sur le sud de la France à plusieurs reprises au cours de l'automne ont grandement compromis la récolte d'olives. Pour la coopérative de Clermont-l'Hérault, 70 % de la récolte a été détruite lors des différents épisodes pluvieux de septembre et octobre. Quand dans le Gard, au moins la moitié de la production a été fortement impactée par la pluviométrie.
En s'inspirant du modèle espagnol, dans lequel les productions viticoles et oléicoles sont intimement liées, les coopératives oléicoles prennent contact avec les coopératives viticoles de la région pour qu'elles intègrent, dans leurs propres et nombreux points de vente, les huiles d'olive du Languedoc-Roussillon.
Et pour achever ce travail de construction, une marque collective est créée, les « Maîtres coopérateurs du Sud ». Deux produits sont élaborés : une huile « intense et corsée », produite à base des variétés Lucques et Olivière – principalement présentes dans l'Hérault, les Pyrénées-Orientales et l'Aude – et « fruité vert », produite à base de Picholine, l'olive du Gard. Une étiquette commune a été créée pour accompagner ces deux bouteilles dans les étals.
Absorber les productions à venirPour la première année, chaque coopérative a fourni 200 litres d'huile pour la marque et récupéré 200 bouteilles sous la marque collective. « À Clermont-l'Hérault, nous les avons vendues dans l'été », souligne encore Hélène Pagès.
“ Plus de 400 ha plantés entre 1996 et 2002
” La marque collective en place, le réseau de distribution prêt (les sept filiales commerciales des coopératives oléicoles plus les caveaux des caves coopératives), la filière pourra voir venir la forte augmentation de production attendue ces prochaines années. « Il s'est planté plus de 400 hectares entre 1996 et 2002 dans la région », détaille Hélène Pagès, des vergers qui entrent en production en ce moment en atteignant 15 ans. « Nous attendons de très belles récoltes, si les conditions climatiques nous en laissent le loisir. »