« Du lait de vache utilisé comme agent blanchissant dans “ le lait de coco ”, un sujet mondial »
Maria Said, infirmière, directrice de Allergy & Anaphylaxis en Australie.
Les Marchés Hebdo : Quand avez-vous rejoint l'association IFAAA ?
Maria Said : Je suis membre de l'Alliance internationale des associations d'allergiques alimentaires (IFAAA) depuis sa création il y a plus de quinze ans. Nous sommes particulièrement sensibles aux questions des allergies alimentaires en Australie, et le pays a d'ailleurs lancé en août 2015 sa stratégie nationale d'allergies après un an de travail avec toutes les organisations concernées. De nouvelles associations nous rejoignent tous les ans.
LMH : Quel est l'intérêt d'une telle structure ?
M. S. : Nous échangeons énormément lors de notre congrès, mais aussi lors des réunions de l'Association européenne d'allergo-logie qui a créé un comité des organisations de patients. Les plus anciennes associations aident les plus récentes, et nous conduisons des actions en commun.
LMH : Pourriez-vous nous donner un exemple récent de ces actions ?
M. S. : Entre janvier 2014 et septembre 2015, plusieurs rappels de « lait de coco » ou de produits à base de coco telles que des crèmes de coco en boîte ou des poudres de lait de coco ont eu lieu en Australie, soit à partir de plaintes de consommateurs, soit par des contrôles plus systématiques des pouvoirs publics. Nous avons été initialement alertés, car plusieurs enfants allergiques au lait de vache ont eu des réactions graves après avoir consommé une gorgée de produits de ce type. Or, ils sont couramment donnés en cas de régime d'éviction au lait de vache. L'Australie importe beaucoup d'aliments. Les aliments incriminés proviennent de différents pays d'Asie comme la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam, la Tasmanie, la Chine… Nous avons découvert dans ce cas que le lait de vache présent n'est pas dû à des contaminations croisées sur des lignes de production, mais qu'il est volontairement incorporé par les producteurs comme agent blanchissant. Outre les recom-mandations émises à destination des allergiques au lait de vache en Australie, à travers nos différents réseaux sociaux, nous avons alerté l'ensemble des associations membres de l'IFAAA, car nous pensons qu'il pourrait s'agir d'un sujet mondial. Les produits incriminés sont distribués notamment dans les magasins « asiatiques » en Australie.
LMH : Conduisez-vous d'autres actions en commun ?M. S. : Nous avons travaillé sur l'alimentation dans les avions. Nous sommes par exemple en train de concevoir un « travel plan » que tous les allergiques pourraient montrer aux différentes compagnies aériennes.