Didier Nédelec
Les Marchés Hebdo : En tant que spécialiste de la couverture de risque et exportateur de blé en Afrique du Nord et subsaharienne, qu’espériez-vous du G20?
Didier Nédelec : Le résultat obtenu : que les États reconnaissent l’importance du développement agricole dans le monde. Depuis quinze ans on n’investit pas assez dans l’agriculture. Sur les 7 milliards d’humains que nous sommes, il y en a 5 milliards qui commencent à mieux se nourrir. Cette bonne nouvelle et le manque d’investissement font qu’on a de plus en plus de mal à répondre à cette nouvelle demande. C’est parce que les marchés sont tendus qu’ils deviennent volatiles et qu’ils attirent les spéculateurs. Bruno Le Maire l’a exprimé publiquement : « Le monde doit produire plus et mieux ». Il y a des volontés gouvernementales de relever le challenge dans des pays où InVivo exporte. Nous pouvons les y aider.
LMH : Le comportement actuel des marchés est-il préjudiciable aux organismes stockeurs, en termes de risque et de coût de couverture ?
D. N. : Je partage l’analyse du management de Cargill : la volatilité actuelle est atypique, elle ne répond pas aux fondamentaux du marché. La nouveauté est que les marchés des grains se sont corrélés aux marchés du pétrole et des autres investis-sements financiers. Depuis le printemps, ils répondent de moins en moins aux fondamentaux et de plus en plus
à des facteurs exogènes. La gestion des risques est devenue très difficile. Je conseille donc aux agriculteurs et coopératives de réduire impérativement la quantité
de risque. Les prix actuels et les rendements obtenus permettent de le faire.
LMH : Le système Amis va-t-il apporter un service aux opérateurs, négoces et organismes stockeurs ?
D. N. : L’Amis a pour point d’origine une réflexion sur la transparence insuffisante des marchés. Cette politique me semble dépassée. Grâce aux médias, quasiment toute l’information est disponible en temps réel. La vraie déficience est dans l’analyse des informations. Il faut que l’Amis ou un système très compétent permette de désamorcer les analyses trop rapides.