Des pressions à la baisse
Les nuages s’accumulent sur l’univers oléagineux. Un climat idéal tant pour les récoltes que pour les semis américains finit par peser sur les cours. En Europe, la baisse du pétrole entraîne le colza vers le bas alors que le tournesol résiste. Mais pour combien de temps ?
Le rapport du ministère américain de l’agriculture (USDA) publié la semaine dernière n’aura pas eu d’influence significative sur le marché des oléagineux. Concernant le soja, les chiffres publiés par les autorités américaines ont été en ligne avec les attentes des opérateurs. Sur la campagne qui se termine, les stocks américains de soja restent inchangés malgré de bons niveau d’exportation et une trituration de haut niveau.
Pour la récolte 2010, les perspectives sont lourdes même si la production mondiale devrait se replier de 8 millions de tonnes aux alentours de 250 millions de tonnes. Les récoltes américaine à 90 millions de tonnes, brésilienne à 65 millions de tonnes et argentine à 50 millions conduiraient à un stock de fin de campagne de près de 10 millions de tonnes, soit quasiment le double de la campagne précédente. Ce rapport n’a donc pas impulsé de caractère haussier globalement et les opérateurs en sont revenus aux éléments d’analyse du moment.
Fin des récoltes au Brésil
Ceux-ci se fondent notamment sur l’avancement des récoltes en Amérique, du Nord et du Sud. Au Brésil, la récolte est désormais complètement achevée. Elle atteint 68 millions de tonnes. Pour sa part, la moisson en Argentine est réalisée à hauteur de 86 %. Enfin, aux États-Unis, les semis se poursuivent dans de bonnes conditions et sont réalisés à hauteur de 38 %, soit une avance de 3 % sur la moyenne des cinq dernières années et surtout entre 5 et 10 % au-dessus des estimations des opérateurs.
Côté business également, les perspectives paraissent bouchées. L’Amérique du Sud est en retard dans sa campagne de commercialisation par rapport à la campagne dernière. Les opérateurs font observer que, compte tenu de l’excellente récolte engrangée, les producteurs brésiliens et argentins sont « assis sur d’énormes tas de soja » qu’ils n’ont pas encore vendus et pour lesquels le prix n’est pas fixé.
La Chine a beaucoup acheté
Si l’on additionne l’ensemble de ces informations en ajoutant le fait que la Chine, principal animateur du marché a déjà, tout du moins dans les livres, beaucoup acheté de soja nouvelle récolte sur l’Amérique du Sud, on comprend mieux l’évolution des cours qui peinent et s’effritent cette semaine. Sur la scène internationale, les importations de soja de la Chine, d'origine américaine mais aussi argentine, devraient atteindre pour le mois de mai 5 millions de tonnes, selon certaines sources de marché.
L’ensemble du complexe, graines, huiles et tourteaux, marque le pas et la clémence du climat américain pour le moment, en facilitant les implantations, ne permet pas au « weather market » d’animer les cours. Mardi, les cours du soja sont néanmoins repassés en positif lors de la séance électronique de préouverture du marché à terme américain à Chicago.