Dégâts en vue, prix en hausse
Période du 8 au 13 mars. Le marché reste profondément marqué, à tort ou à raison, par l’éventualité d’importants dégâts consécutifs à la période de froid sur les cultures de blé tendre. Rappelons qu’Arvalis, Institut du végétal, a confirmé la semaine dernière des dégâts notables, mais non chiffrés, dans les régions Bourgogne et Champagne-Ardenne notamment. Comme nous l’indiquions, certains observateurs vont plus loin dans leurs estimations de surfaces et l’un d’entre eux, Agritel, se risque à annoncer une baisse de récolte de blé de 1,9 million de tonnes (Mt). À cette période de l’année, ce type de prévisions est hasardeux, parce que fondé sur des surfaces « estimées » et des moyennes de rendements antérieurs, ce dernier facteur de production étant imprévisible ; il suffit de se rappeler la récolte 2010 : entre les prévisions de juin et la réalité de la moisson, les chiffres avaient augmenté de quelque 3 Mt.
Un rapport USDA sans grandes surprises
Quoi qu’il en soit, la perspective, même non précisée, d’une réduction de la récolte en France et à l’est de nos frontières relance une tendance haussière qui s’était atténuée la semaine dernière, en l’attente de la parution du nouveau rapport du département américain de l’Agriculture (USDA). Un rapport en définitive sans grandes surprises, qui confirme les récentes prévisions en baisse de la production de soja et de maïs sud-américaine. La production brésilienne de soja est estimée en forte baisse (voir page voisine), comme la production argentine. Sans surprise non plus, la production mondiale de blé est prévue au niveau record de 694 Mt, mais le stock final est revu en baisse de 3,5 Mt, à 209,6 Mt, en raison de l’augmentation de la consommation et des échanges. La production mondiale de maïs est modestement revue en hausse à 865 Mt, et la prévision de stock final abaissée de 820 000 t, ce qui intervient à la marge dans un stock total estimé à 124,5 Mt, dont 20,6 aux États-Unis. Ce rapport de l’USDA rejoint, dans ses grandes lignes, celui du Conseil international des céréales (CIC) commenté dans notre dernière chronique, et ne bouleverse pas les fondamentaux, même si nombre d’opérateurs et d’intervenants considèrent que le département américain de l’Agriculture a minimisé la baisse des stocks de maïs et de soja.
Comme indiqué la semaine dernière, la fermeté est aussi consolidée par le déficit hydrique en Espagne et en Afrique du Nord avec la perspective de recours accru de ces régions à l’importation, qui contribue aussi à la tension des cours de la prochaine récolte. Mais, déjà les chargements dans les ports vers le Bassin méditerranéen s’accélèrent ; pour la période du 1er au 8 mars, 144 000 tonnes de blé ont été chargées à Rouen à destination du Maghreb, dont 55 000 pour le Maroc. On notera cependant que l’Ukraine vient de vendre 300 000 tonnes de blé à la Syrie.