Côteaux d’Aix : pas de crise pour le rosé
Les vins rosés ont le vent en poupe. A la différence des vins rouges, leur consommation progresse en France depuis une dizaine d’années. Dans tous les circuits (hors restauration), leur part dans les volumes de vins achetés par les ménages français a gagné 6,3 points entre 1991 et 2002, passant de 8,4 % à 14,7 %. Dans le même temps, celle des rouges a diminué de 13,3 points, tombant de 83,2 % à 69,9 %. « Le temps des rosés vendus en cubitainer, de mauvaise qualité et qui faisait mal à la tête est révolu », estime James de Roany, producteur de Château des Gavelles, AOC Coteaux d’Aix en Provence. « Les rosés sont des vins beaucoup moins codifiés que les rouges ou les blancs, très proches de l’univers des boissons et donc plus accessibles », ajoute-t-il.
Par ailleurs, comme les rosés sont peu exportés hors Union européenne, ils n’ont pas été touchés par la forte valorisation de l’euro par rapport au dollar. L’export représente en effet pour les Coteaux d’Aix en Provence rosés seulement 22 807 hectolitres (83 % en rosé) et près de 95 % de ces volumes ont eu pour destination la Belgique, l’Allemagne et la Suisse.
Sur la campagne 2002-2003, les producteurs de l’appellation Coteaux d’Aix-en-Provence, qui affichaient une récolte de 182 622 hl (71 % en rosé), ont ainsi commercialisé au total l’équivalent de 30 millions de bouteilles, soit près de 69 % du volume disponible dans leurs caves durant cette période. Au 31 juillet 2003, le niveau de stock de l’appellation était inférieur de 39,6 % à celui constaté un an plus tôt, à 100 816 hl. « Cette forte baisse concerne au premier chef les rouges (-53,1 %) puis les rosés (-30,4 %) », précise le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) dans une récente note économique.
Progression du négoce
Le succès des Coteaux d’Aix en Provence rosés s’explique aussi par leur positionnement « cœur de marché » malgré l’augmentation des prix constatée sur la dernière campagne. En 2002-2003, les ménages français ont ainsi acheté des Coteaux d’Aix en Provence à un prix moyen de 2,6 euros la bouteille, soit 8,2 % de plus que lors de la campagne précédente. « Face à la concurrence, l’appellation a tiré profit du développement de ses ventes au négoce (d’où une diffusion et un référencement plus importants en hypermarchés et supermarchés) », estime également le CIVP.
En effet, 34 % des volumes de Coteaux d’Aix sortis des chais correspondent à des ventes au négoce, soit 65 996 hl dont 95 % en rosé. Les volumes de Coteaux d’Aix rosés achetés par le négoce ont progressé de 6,8 %, soit environ 4 300 hl, à des prix moyens en augmentation de 14,2 % à 105,7 euros/hl. Malgré ces bons indicateurs, les viticulteurs provençaux savent qu’ils ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers. « Nos concurrents sont partout où l’on produit du vin rouge », juge M. de Roany. Et la pression se fait de plus en plus sentir non seulement de la part des rosés du Val de Loire mais aussi de ceux du Languedoc-Roussillon ou encore de Bordeaux.