Contre-offensive de la filière poissons
La Filière française poissons et coquillages (FFPC) va passer à la contre-offensive après la publication, le 9 janvier dans la revue américaine Science, d’une étude tendant à démontrer la nocivité des poissons d’élevage, et en particulier les saumons.
Dans un premier temps, la contre-attaque va se dérouler sur le terrain judiciaire : la Filière qui rassemble l’ensemble des acteurs du secteur poissons de France -comités, filières et fédérations de pêcheurs, mareyeurs, transformateurs…- saisira dans les prochains jours ou semaines le tribunal de commerce de Paris, conformément à ses déclarations qui avaient suivi la parution de l’étude.
Selon la FFPC, le battage médiatique orchestré autour de cette publication aurait provoqué d’importantes pertes commerciales qui « varient selon les circuits, et sont de l’ordre de 20 à 40 % pour l’ensemble du mois de janvier», indiquait-elle mercredi dans un communiqué. A Boulogne, premier centre européen de transformation des produits de la mer, l’impact s’est fait particulièrement ressentir. Direct Océan, premier importateur français de saumon avec 12 000 tonnes par an (10 % du marché hexagonal) a ainsi subi une baisse des ventes de l’ordre de 70 % les deux premières semaines, un chiffre stabilisé à 50 % aujourd’hui.
Joint par Les Marchés, le conseiller scientifique et coordinateur de la Filière, François Falconnet, a indiqué que le chiffrage précis se poursuit, mais devrait atteindre « plusieurs millions d’euros » pour l’ensemble du secteur saumon. L’action en justice vise uniquement l’établissement parisien de la société de communication financière, Gavin Anderson & Co, accusée d’avoir orchestré cette campagne à charge.
En effet, les membres de la FFPC et leurs avocats ont plusieurs fois retourné le problème avant de désigner leur cible. « Nous n’attaquons pas la revue qui a fait son travail en publiant dans le même numéro un second article qui contredisait le compte rendu incriminé ».
La FFPC ne sait pas qui a financé l’opération mais se doute bien que les filières de poissons sauvages auraient intérêt à ternir l’image des poissons d’élevage.
« En première analyse, nous avions songé aux pêcheurs de saumon sauvage d’Alaska. Mais nous sommes revenus sur l’agence », a poursuivi M. Falconnet. Faiblement présents en Europe, les producteurs chiliens et américains seraient les premiers bénéficiaires d’un boom de la consommation de poisson sauvage.
Dans cette contre-offensive judiciaire, les fournisseurs en saumons d’élevage des membres de la filière française, des sociétés de production de Norvège, d’Irlande et d’Ecosse principalement, ont participé aux réunions mais ne sont pas associées à l’action en justice.
La contre-offensive judiciaire se poursuivra également sur le plan médiatique. « Dès la fin de la semaine prochaine(20 février NDLR) nous entamerons une campagne en direction des consommateurs sur les points de vente », a encore expliqué le conseiller scientifique de la Filière.