Cofigeo assure une filière chou locale et française
Le groupe Cofigeo a tissé des partenariats avec des agriculteurs locaux pour les choux de son usine William Saurin du Pas-de-Calais.
Le groupe Cofigeo a tissé des partenariats avec des agriculteurs locaux pour les choux de son usine William Saurin du Pas-de-Calais.
En dehors de son siège social francilien à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), le groupe Cofigeo possède un centre logistique et huit sites de production. L’un d’eux, situé à Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais), est spécialisé dans la transformation du chou qui va servir à confectionner la choucroute de la marque William Saurin. Une usine pour laquelle Cofigeo a créé des partenariats avec une petite dizaine d’agriculteurs locaux depuis 1985. « En 2022, l’usine a reçu 1 700 tonnes de choux, et cette année, nous atteindrons les 2 300 », indique Christophe Bocquet, responsable du site depuis 2005.
Parmi les agriculteurs travaillant avec Cofigeo, Nicolas Delattre, installé depuis 2007 et dont l’exploitation est située à quelques encâblures de l’usine. Il a pris la succession de son père qui travaillait déjà pour William Saurin. « Les plants de choux nous arrivent en mai en direct des Pays-Bas, et la récolte se déroule entre août et novembre. Nous utilisons plusieurs variétés, dont l’almanac, la référence en chou précoce. La production est d’environ 22 000 choux à l’hectare. Pour la récolte cette année, avec les autres agriculteurs, nous avons formé une coopérative d’utilisation du matériel agricole pour acheter une nouvelle récolteuse. Nous avons investi 150 000 euros. Le seul problème que nous rencontrons est le climat. Le chou souffre énormément du gel, de l’excès d’eau et de la sécheresse, surtout sur notre territoire où il n’y a pas d’irrigation. »
Chaque année, cette culture fait l’objet d’un contrat et d’un prix d’achat à l’hectare qui tient compte des frais directs et indirects des agriculteurs. Les négociations se déroulent en début d’année quand Cofigeo définit ses volumes. À Campagne-lès-Hesdin, ces choux représentent 80 % de ce que reçoit l’usine William Saurin chaque année. « Mais le reste est français, précise Pierre Pageix, directeur industriel de Cofigeo, ancien salarié de Danone et Coca-Cola. Nous nous approvisionnons dans l’Aube et en Alsace. »
13000 choux par jour
Pour Cofigeo, ces partenariats locaux mis en place en 1985 correspondent à la stratégie bas carbone de l’entreprise qui mise sur « le bien manger pour tous ». « Nos produits sont accessibles, toujours notés A ou B au Nutri-Score, et l’appertisation permet d’établir des DLC plus longues que des produits frais », justifie Jobic de Calan, secrétaire général de Cofigeo. En revanche, pas encore de choucroutes bio, puisque la demande des consommateurs est, d’après le groupe, quasi inexistante. « Nous proposons un cassoulet en bio, mais nous préférons insister sur le côté local, contrairement au bio qui ne garantit pas une origine géographique », souligne-t-il.
L’usine William Saurin de Campagne-lès-Hesdin est un bâtiment en briques, dont les cinq salariés manipulent chaque jour 13 000 choux avoisinant les 10 kg. Ces derniers subissent quatre opérations : l’étrognage (découpe du trognon), l’effeuillage, le parage (découpe par les salariés au couteau des restes de feuilles) et le broyage dans une machine qui les fait ressortir sous la forme de choucroute. Le produit obtenu est salé à sa sortie et transporté sur des tapis roulants jusqu’à d’immenses cuves de 70 mètres cubes où il va macérer avec un peu d’eau pendant trois semaines. Les trognons et les feuilles sont rejetés en dehors de l’usine où ils vont être récupérés par les agriculteurs, soit comme nourriture pour les vaches soit pour la méthanisation. Le chou fermenté est ensuite transporté par camions à l’usine William Saurin de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) pour être assaisonné et conditionné.
Une addition énergétique salée
L’année 2023 a bien mal commencé pour Cofigeo. Confronté à la crise énergétique avec des factures d’électricité qui sont passées en quelques mois de 4 à 40 millions d’euros, le groupe a dû fermer quatre de ses sites pendant un mois en janvier dans le cadre d’un accord passé avec les représentants du personnel. Officiellement, Cofigeo ne communique pas son chiffre d’affaires, mais d’après plusieurs sources, il s’établirait entre 330 et 400 millions d’euros par an.
Assurer la transition énergétique
Dans les mois qui viennent, Cofigeo voudrait réfléchir à de nouveaux investissements, notamment pour la récupération des calories. « Cela nous permettrait de récupérer de l’énergie qu’on pourrait injecter dans nos process industriels. Ainsi, on baisserait nos factures électriques », précise Pierre Pageix.
Depuis presque 40 ans, Cofigeo fait ainsi travailler des agriculteurs en local et Jobic de Calan voit déjà plus loin. « Nous voulons orienter nos investissements dans trois directions : l’investissement dans le parc machines, l’innovation dans la cuisine végétale et l’engagement dans la transition énergétique, car contrairement à ce qu’on peut penser, ce sont les entreprises qui vont la réaliser. »