Candia : soutien Royal aux salariés de Dissay
Les 65 salariés de l’usine Candia de Dissay, dans la Vienne, ont reçu hier le soutien remarqué de Ségolène Royal, au lendemain de sa victoire aux élections au Conseil régional de Poitou-Charentes. La candidate socialiste s’était en effet engagée lors de sa campagne à tout faire, dès le lendemain de son élection, pour sauvegarder l’emploi sur ce site industriel menacé par le départ annoncé de Candia, qui avait racheté le site de Dissay en 1999 à Eurial-Poitouraine.
« En janvier dernier, la direction nous a appris son intention de fermer le site, rappelle Stéphane Golfier, délégué CFDT de l’usine. Pour nous, cette annonce a été un choc, d’autant que notre site, où l’on a conditionné jusqu’à 160 millions de lait en briques, était présenté comme le plus rentable des 12 établissements de Candia.»
Selon le délégué syndical, cette décision est liée à la volonté du groupe de favoriser le marché du lait en bouteille par rapport au lait en brique, spécialité de l’usine de Dissay. Depuis plusieurs années, les volumes traités par l’usine viennoise étaient selon lui en baisse régulière, jusqu’à 100 millions de litres l’année dernière. « Cette tendance s’est en outre accompagnée d’un abandon progressif des marques sur notre site au profit de produits basiques ». Le projet de la direction viserait à fermer le site puis à transférer la fabrication vers deux autres sites de la marque, au Lude (Sarthe) et à Cambon (Loire-Atlantique) où des chaînes de fabrication de bouteilles ont été mises en place.
Royal versus Raffarin
Une solution inacceptable pour les salariés qui refusent la notion de plan social et réclament une solution de reprise. « Plusieurs repreneurs se sont manifestés, assure Stéphane Golfier, dont l’un a un projet solide dans le secteur agroalimentaire avec, surtout, l’intention de préserver tous les emplois. Nous ne comprenons pas pourquoi la direction de Candia refuse de la prendre en compte. S’il le faut, nous sommes prêts à mettre en cause la marque elle-même devant les tribunaux ».
Les salariés, qui ont engagé ces dernières semaines une opération de sensibilisation des media locaux puis nationaux, ont donc reçu le soutien de Ségolène Royal au cours de la campagne électorale, les assurant qu’elle ferait tout pour trouver une issue positive au dossier. L’affaire a du même coup pris un tour politique. L’usine de Dissay est en effet située à quelques kilomètres de Chasseneuil-du-Poitou, le fief de Jean-Pierre Raffarin, dont son adversaire locale n’a pas oublié non plus qu’il fut lui-même président de l’association des coopératives laitières de Poitou-Charentes. On comprend mieux pourquoi la nouvelle reine de la région sera particulièrement attendue au tournant sur ce dossier.