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Cafés Albert créé sa filière de recyclage
Le torréfacteur vendéen a décidé de bannir le plastique dès cette année. Les gobelets de ses distributeurs, en amidon de maïs et carton, sont collectés puis recyclés en boîtes à œufs par un papetier.
Matthieu Tougeron, dirigeant des Cafés Albert à La Roche-sur-Yon (85), n’a pas attendu que tombe le couperet législatif pour chercher des solutions de remplacement au plastique. Si la distribution automatique, secteur d’activité dans lequel la société réalise 50 % de ses 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, a obtenu un sursis par rapport à la date du 1er janvier 2020, l’échéance se rapproche à grands pas. Partant du principe que « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas », le torréfacteur vendéen propose en premier lieu à ses 500 clients entreprises, collectivités et établissements scolaires, de substituer des mugs aux gobelets qui sont consommés à hauteur de 5 millions par an dans ses distributeurs.
Cafés Albert met à disposition des mugs spécifiques, et personnalisables, adapte son parc de machines à ces contenants et va jusqu’à proposer un mini-lave-vaisselle fabriqué en Vendée pour faciliter le passage au mug. Les clients qui préfèrent rester au jetable payent désormais leur café un peu plus cher. Leurs boissons chaudes sont depuis trois mois servies dans un gobelet en amidon de maïs et carton. Un contenant pour lequel, faute de solution existante, Matthieu Tougeron a bâti avec l’appui de l’Ademe sa propre filière de recyclage.
Les gobelets sont récupérés par les approvisionneurs des distributeurs dans des poubelles habillées par Cafés Albert. Une fois ramenés sur le site de la société, les sacs sont triés manuellement et les clients notés pour inciter les salariés à ne mettre que des gobelets dans la poubelle. Cafés Albert a acquis un broyeur et expédie ensuite les balles chez un groupe papetier implanté en Vendée, qui les transforme en boîtes à œufs.
Le fort pouvoir méthanogène du marc de café
« Nous sommes pilotes en France sur cette filière », note le dirigeant qui a proposé à ses clients une solution identique pour ses fontaines à eau, leur laissant le choix entre deux modèles de gourdes et un cône en papier recyclable via la filière naissante. Il a également cherché une meilleure solution pour la seconde vie du marc de café récupéré dans les machines (80 tonnes par an), jusqu’ici composté. Toujours dans le principe de l’économie circulaire, le marc est désormais acheminé dans un camion roulant au biogaz chez deux agriculteurs vendéens équipés d’une micro-unité de méthanisation.
100 000 euros investis
Matthieu Tougeron a découvert « le fort pouvoir méthanogène du marc de café » grâce à un ingénieur agronome rencontré au sein de l’association Ruptur qui réunit des chefs d’entreprise désireux de promouvoir une économie bleue. Le dirigeant vendéen a engagé au total 100 000 euros pour « créer une rupture, une vraie différenciation sur notre marché des distributeurs automatiques ». Avec un gobelet plus cher de 3 centimes que le plastique, un écart répercuté seulement en partie, « le pari est de baisser le volume de gobelets en 18 mois et de trouver plus de clients pour éponger cette différence », indique-t-il.
Les premiers retours sur sa démarche laissent à penser qu’il est sur la bonne voie.
Une extension pour 2020
Né en 1948, le torréfacteur vendéen Cafés Albert a été racheté en 1999 par la famille Tougeron. Aux manettes depuis 2008, Matthieu Tougeron, passé par le groupe Nestlé, a pris le cap de la distribution automatique pour relancer la société. Sept ans après son implantation sur le Parc éco 85 de La Roche-sur-Yon, Cafés Albert prépare pour 2020 une extension de 1 200 à 3 000 m2 pour un investissement de l’ordre de 1,5 M€. Un espace de stockage agrandi, de nouveaux bureaux et un laboratoire du recyclage vitré pour en faire un outil pédagogique seront livrés à l’automne 2020. La société, en croissance et en recrutement réguliers, devrait alors avoir un effectif dépassant la quarantaine de salariés.