Bio : Hervé Gaymard appelé à revoir sa copie
L’ambiance n’est pas au beau fixe entre les principales organisations de la filière biologique et Hervé Gaymard. Alors qu’il doit prochainement présenter un plan de relance de l’agriculture biologique, le ministre de l’Agriculture sait d’ores et déjà qu’il devra faire face à de nombreuses critiques. Une situation tendue au moment où la bio française, pionnière au début des années quatre-vingt se trouve désormais au vingt-cinquième rang mondial et au treizième rang au sein de l’Union européenne avec seulement 518 000 hectares en 2002. Dans un communiqué, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) et la Confédération paysanne, entre autres, estiment que le plan à venir « est inacceptable en l’état ». « Sans aucune ambition qualitative ou quantitative, il ne met en avant que la loi du marché, sans faire nulle part état des avantages environnementaux et sociaux de l’agriculture biologique », déplorent les organisations.
Des prix trop élevés
Ces dernières regrettent notamment que la rémunération de reconnaissance, demandée en contrepartie des bénéfices apportés par l’agriculture biologique à la société tant en matière de revitalisation des bassins d’emplois que de protection de la qualité des sols, soit repoussée à 2007 « ou à une hypothétique harmonisation européenne ». Les défenseurs de la bio estiment également que le texte « tend à donner le pouvoir décisionnel sur la bio aux organisations conventionnelles, les mêmes qui, depuis des années, freinent son développement».
Enfin, « la baisse des obligations réglementaires » prévue est considérée comme « sans intérêts pour les producteurs ou pour les consommateurs qui attendent de la bio des produits aux qualités variées ». « Ces propositions sont d’autant plus étonnantes quand on lit le texte signé récemment par M. Gaymard et adopté par le Conseil des ministres de l’agriculture européens », ajoute Vincent Perrot, délégué général de la Fnab. Ce texte, rappelle qu’« il est démontré que l’agriculture biologique exerce une influence considérable dans le domaine des politiques de l’environnement en ce qui concerne notamment la réduction des émissions nocives dans l’atmosphère, la lutte contre la désertification, ainsi que la protection et la conservation des ressources en eau et des milieux naturels ».
Les différentes organisations demandent par ailleurs que le plan « mentionne la problématique des OGM et fasse porter l’entière responsabilité des productions et des produits bio sur la filière OGM ». Après avoir fait des propositions d’amendements au texte, les signataires attendent d’être reçus au cabinet du ministre pour faire part de leurs doléances. Ils pourront à cette occasion rappeler que selon le baromètre de l’Agence Bio, le taux des consommateurs bio réguliers s’élève à 37 % de la population française. Mais, les produits bio restent encore pénalisés par leurs prix trop élevés et une disponibilité insuffisante.