« Beaucoup de produits hypertransformés contiennent trop de sel »
Les Marchés Hebdo : Quel objectif vise votre proposition de taxer les produits trop salés ?
Michèle Crouzet : Le rapport sera très prochainement rendu sur le sujet de l’alimentation industrielle et de ses conséquences sur les maladies chroniques. Nous avons auditionné beaucoup de personnes et les mesures prioritaires concernent le sucre, le gras et le sel. Des mesures portant sur les acides gras trans et le sucre ont déjà été prises, il convient maintenant d’agir sur le sel pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. L’OMS recommande 5 g de sel par jour, nous sommes à 12 g. On compte 12 millions d’hypertendus en France, et les médicaments liés à cette pathologie représentent le 2e poste de dépense de la Sécurité sociale. Beaucoup de produits hypertransformés contiennent trop de sel, or, ce sont souvent les catégories de population défavorisées qui en consomment. Quand on prend des mesures incitatives, cela ne fonctionne pas, il faut donc taxer.
LMH : Quels seront les produits visés ? Quelles modalités de taxation envisagez-vous ?
M. C. : Les modalités restent à définir. J’ai rencontré des industriels qui font très bien. Le problème, c’est pour les produits de moindre qualité. Le sel sert un peu de cache-misère. Cela reste à préciser, mais nous visons surtout les plats cuisinés, la charcuterie ou encore le pain. Baisser de 24 g à 18 g de sel par kilogramme de farine ne changerait pas le goût du pain.