ALLEMAGNE
La viande dans la cible
La Semaine Verte de Berlin a donné le signal de plusieurs attaques médiatico-politiques convergentes contre le secteur de la viande. Nous avons déjà parlé ici de la mise en cause du label QS par l’organisation de consommateurs Foodwatch et son leader Thilo Bode, ex-Greenpeace. Il y a eu aussi la découverte soudaine, en tout cas soudainement révélée, d’une série d’erreurs dans l’identification de quelque 900 bovins, dont certains n’auraient pas subi les tests ESB. A regarder de plus près, et ayant écarté les cas d’erreurs de transmission dans les numéros d’identification, les vrais cas de fraude sont en nombre réduit, et ils ont été localisés. Pour finir, c’est Verbaucher Initiative, encore une organisation de consommateurs, qui s’énerve parce que les entreprises du secteur viande n’ont pas répondu à un questionnaire sur la qualité des produits et le bien-être animal, mais aussi sur le travail clandestin. En fait, 18 entreprises sur 202 ont répondu aux 17 questions posées, les autres retournant le questionnaire avec un laconique « pas concerné ». Vexée, l’organisation se venge en affirmant que « le secteur devrait comprendre que des slogans publicitaires ne sauraient suffire de nos jours pour contrer des consommateurs organisés». Un peu parano, non ?
La fièvre des rabais
L’Institut GfK suit dans ses panels « Consumer Scan » plus de 12 000 ménages. Il constate que depuis 2002, les achats de produits en promotion ou avec rabais ont augmenté. Le prix moyen payé pour 700 articles dans la distribution alimentaire a chuté de l’indice 100 au 2e semestre 2001 à 96,2 au 3e trimestre 2003, soit -3,8 %. Visiblement, les distributeurs tentent de récupérer des parts de marché sur les discounters. Mais GfK souligne que « les consommateurs perdent leurs repères dans cette fièvre des rabais… L’insécurité du consommateur augmente… c’est le signe de l’absence de stratégie claire sur la transparence des prix». Résultat : « tous ces rabais rendent des promotions inopérantes et économiquement moins intéressantes».
Bières : la mousse retombe au fond du verre.
Trois groupes internationaux se partagent 75 % du marché allemand de la bière. Le Danois Carlsberg produit 79 mio d’hl, le Néerlandais Heineken 109 mio hl, et le groupe belge Interbrew 97 mio hl. Chacun produit autant que toutes les brasseries allemandes réunies (105 mio hl). Et déjà Brau & Brunnen Dortmund est dans le collimateur de SAB Miller, le n° 2 mondial. On compte environ 1 200 brasseries de toutes catégories et quelque 500 variétés de bière. Leur qualité n’est pas en cause, mais la chute de la consommation est verticale. Les Allemands boivent moins, les immigrés peu ou pas. Ernst & Young considère que la surcapacité de production est de 50 % et prédit que la consommation de bières va encore chuter de 30 % d’ici 2015. Sur les 540 brasseries de +5 000 hl, un tiers seulement survivra.