Alimentation durable : les supermarchés visés par Action Climat
Le réseau Action-Climat vient de publier un rapport qui pointe le peu d’engagement de la grande distribution en faveur d’une alimentation durable et le manque d’action de l’État.
Le réseau Action-Climat vient de publier un rapport qui pointe le peu d’engagement de la grande distribution en faveur d’une alimentation durable et le manque d’action de l’État.
Le constat du Réseau Action Climat, fédération d’associations impliquées dans la lutte contre le réchauffement climatique est implacable.
« L’ensemble du secteur de la grande distribution (…) constitue un frein à la transition vers une alimentation durable, en incitant à la surconsommation de produits carnés et de produits laitiers, provenant en immense majorité de modes de production intensifs », dit le rapport en préambule.
Dans son rapport intitulé « l’heure des comptes pour les supermarchés », Action Climat a ciblé les huit plus grandes enseignes de la grande distribution française (par ordre alphabétique : Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, E.Leclerc, Lidl, Monoprix, Système U) « parce qu’elles représentent 70 % de la consommation alimentaire en France et même 80 % des achats de viande de boucherie », explique Benoît Garnier, son responsable alimentation et auteur du rapport.
Une quarantaine d'indicateurs
L’ONG a fondé son travail d’analyse sur une grille d’une quarantaine d’indicateurs. Ils ont été longuement discutés avec de multiples partenaires (ONG européennes, structures spécialisées dans l’alimentation, l’environnement, l’élevage) pour renforcer la robustesse de la grille d’évaluation, et classés en trois catégories (transparence de l’enseigne, engagements et plans d’action, promotion d’une alimentation durable) pour établir une note.
Résultat, aucune enseigne n’obtient la moyenne. Action Climat observe qu’un certain nombre d’initiatives vont dans le bon sens, mais « celles-ci sont trop isolées et restent marginales par rapport à l’ensemble des politiques et des actions des enseignes qui placent encore la production et la consommation de viande industrielle au cœur de leur modèle », souligne le rapport. Ainsi les plats préparés proposés dans les rayons « contiennent dans 92 % des cas de la viande », poursuit Benoît Garnier.
Manque de transparence sur le Scope 3
Le rapport observe que les documents RSE des enseignes font fréquemment référence à leurs bonnes pratiques (renforcement des filières qualité, progression de l’offre en bio, mise à l’index des produits favorisant la déforestation, etc.). Mais seulement la moitié d’entre elles mentionnent les émissions des produits qu’ils commercialisent en rayon (Scope 3).
Pour les inciter à un mouvement plus vertueux, Action Climat fait plusieurs recommandations :
- généraliser les « Scope 3 » ;
- mettre fin aux publicités sur les produits carnés transformés à l’exception des produits bio et label Rouge ;
- promouvoir une alimentation végétale ;
- systématiser la contractualisation pour accompagner les agriculteurs verts des production durables, etc.
Action Climat fait aussi des recommandations à l’État, notamment sur la réglementation liée aux promotions et aux taux de marges pratiqués par les enseignes de la grande distribution.
Cependant dans le contexte inflationniste actuel, le chemin vers une alimentation durable risque d’être long. Action Climat en a parfaitement conscience et veut s’inscrire dans une perspective à moyen terme. L’ONG prévoit de renouveler son rapport dans deux ans.