Filière
Agneau : davantage d’animaux de race laitière
Les agneaux de race laitière sont de plus en plus nombreux dans les abattages français et bouleversent le marché. Diversifier les débouchés devient une nécessité pour la filière.
Les agneaux de race laitière sont de plus en plus nombreux dans les abattages français et bouleversent le marché. Diversifier les débouchés devient une nécessité pour la filière.
La part des agneaux issus du cheptel laitier progresse dans la production de viandes ovines française. D’une part, le cheptel allaitant se replie (chute de 36 % des effectifs de brebis entre 2000 et 2017, selon l’Institut de l’élevage), de l’autre, les exportations françaises d’agneaux de lait se tassent, notamment vers nos marchés traditionnels que sont l’Italie et l’Espagne. Ces derniers affichent, comme en France, une baisse de la consommation de viande ovine. De plus, la concurrence des agneaux grecs est très forte, la Grèce ayant développé son cheptel laitier pour faire face à l’augmentation de la demande de feta.
Une répercussion sur toute la filière
Blézat Consulting et Abscis, dans une étude pour FranceAgriMer, résument les problématiques causées par ce développement des sorties d’agneaux laitiers. Ces dernières présentent une forte saisonnalité. Les collectes laitières dans le bassin du Roquefort, celui de l’AOP Ossau-iraty ou la Corse se concentrent au premier semestre. Si les agneaux qui sortent pour Pâques permettent de compléter l’offre allaitante, en segmentant le marché, ceux qui sortent en janvier et février arrivent dans une période creuse de consommation et déstabilisent les cours.
Deux types de produits
Dans les Pyrénées et en Corse, les éleveurs produisent des agneaux de lait, abattus à un mois. C’est un produit traditionnel qui peut tirer parti de son caractère rare et festif. Des IGP (Agneau de lait basque, Nustrale corse) y sont en cours de création.
Les agneaux de race Lacaune sont de leur côté engraissés et abattus à trois ou quatre mois. Ils représentent près du quart de la production française. Les sorties en février pourraient se développer dans les prochaines années, selon l’étude publiée par FranceAgriMer. D’où l’importance pour la filière de travailler sur des débouchés stratégiques pour limiter la chute des prix.
Élaborés et RHD
Le marché export pourrait être une piste, notamment vers l’Arabie saoudite et la Jordanie, mais il faudrait en faire « une stratégie volontariste et non une solution ponctuelle de dégagement », selon le rapport. Deux autres débouchés semblent plus réalistes, le développement de produits élaborés et la conquête du marché de la restauration hors domicile (RHD), y compris en surgelé. Les agneaux Lacaune peuvent arborer le logo Viande française, qui devient un critère d’approvisionnement important pour la restauration collective et ces agneaux affichent un prix 8 à 15 % inférieur à la moyenne nationale. Néanmoins, la saisonnalité et la faiblesse des volumes restent des freins importants, à mettre en balance avec les atouts que sont une production d’animaux de mieux en mieux conformés et une prévision des volumes à long terme.
Les opérateurs avancent aussi une meilleure gestion de l’équilibre matière, en proposant la vente en catégoriel plutôt qu’en carcasse. L’équilibre serait alors réalisé grâce aux produits élaborés. Le développement du haché d’agneau répondrait à une demande établie, mais reste difficile notamment pour des raisons techniques.