2010 démarre sur les chapeaux de roue
L’ambiance est au beau fixe sur le complexe oléagineux. L’arrivée de la récolte sud-américaine pourrait perturber le paysage en soja. Pour le colza et le tournesol en revanche, dont les bilans sont globalement déficitaires, la bonne tenue des cours paraît durable.
Le marché du soja débute l’année 2010 comme il avait fini 2009 : dans un contexte de fermeté. Alors que le début de la campagne a été marqué par la récolte record aux États-Unis, le redressement des cours du soja, amorcé début octobre, se confirme. Sous l’impulsion de la demande active des graines et des produits d’origine US sur le marché physique, renforcée par des achats volumineux des fonds mutuels, la tendance s’est accentuée ces dernières semaines.
En novembre 2009, les exportations de graines de soja US ont atteint des sommets, près de 8 millions de tonnes (contre 4,7 Mt l’an passé à la même période). C’est la conséquence logique de la faiblesse surprenante des disponibilités en Amérique du Sud, qui contraint les importateurs à s’adresser davantage aux États-Unis pour satisfaire leurs besoins de soja, en graines comme en produits.
Incertitude sur la récolte de soja argentine
De son côté, la trituration américaine s’active pour faire face aux commandes qui se multiplient, payant au passage des prix forts aux agriculteurs pour obtenir des quantités suffisantes de graines. Elle peut se le permettre car les cours des tourteaux et ceux de l’huile atteignent des niveaux tels que l’opération reste largement rentable. Mais qu’en sera-t-il avec l’arrivée des récoltes sud-américaines ? Celles-ci s’annoncent en effet particulièrement abondantes : + 5,4 Mt au Brésil et surtout + 16,0 Mt en Argentine.
Ceci étant, ces chiffres doivent être appréhendés avec précaution car la région n’est pas gâtée sur le plan climatique et subsistent encore de nombreuses incertitudes. La sècheresse suivie d’excès de pluies éparses, c’est loin d’être idéal comme conditions de semis. En Argentine, ces mêmes conditions peu favorables pour les cultures peuvent aussi aboutir à une augmentation des surfaces par le biais du transfert des semis de tournesol, qui n’ont pu être effectués à temps, vers le soja.
Au Brésil, avec l’humidité qui provoque le développement de la rouille asiatique, il n’est pas certain que les agriculteurs aient les moyens, ou la volonté, d’engager des dépenses supplémentaires en fongicides nécessaires pour préserver le niveau optimal des rendements.
Pour le moment, le marché est favorablement orienté par la bonne tenue du pétrole et la vivacité de la demande chinoise. Ceux-ci ont encore importé plus de 4,5 millions de tonnes sur le mois de décembre. Pour les semaines qui viennent, le prochain rapport de l’USDA (qui doit sortir le 12 janvier) pourrait être déterminant dans la mesure où il prendra en compte l’évolution de l’offre et de la demande, alors que tous les jours qui passent semblent confirmer l’excellent potentiel de l’Amérique du Sud. De même, ce rapport pourrait préciser le transfert de la demande chinoise dont on commence à sentir qu’elle se détourne de l’origine US.