Les consommateurs veulent des alternatives acceptables à la castration à vif des porcelets
Une enquête européenne montre, qu’au même titre que la castration sous anesthésie, l’immunocastration est bien acceptée par le consommateur pour remplacer la castration à vif dès lors qu’il est préalablement informé.
Une enquête européenne montre, qu’au même titre que la castration sous anesthésie, l’immunocastration est bien acceptée par le consommateur pour remplacer la castration à vif dès lors qu’il est préalablement informé.
En France comme dans certains pays européens, la solution de l’immunocastration est globalement mal perçue, par les éleveurs comme par l’aval de la filière, tous craignant une mauvaise image et acceptabilité de la part du consommateur. Une récente enquête réalisée dans seize pays d’Europe montre que ces inquiétudes ne seraient pas si fondées. Les premiers résultats ont été présentés lors d’une visioconférence organisée par le réseau de recherche européen Cost Ipema. Les quelque 4300 personnes ayant participé au questionnaire en ligne ont notamment été interrogées sur l’acceptabilité ou non de la castration à vif et de trois méthodes alternatives. Au préalable, ces personnes avaient été informées sur les spécificités, avantages et inconvénients, de chacune des solutions. Il en ressort que la castration avec anesthésie est la mieux acceptée avec 88 % de réponses positives contre 32 % pour la castration à vif. L’immunocastration enregistre 71 % de réponses positives loin devant la production de mâles entiers, qui recueille 49 % de oui.
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Un meilleur consensus pour l’immunocastration
Le niveau d’acceptabilité dépend aussi de la typologie des répondants, dont près des trois quarts étaient des consommateurs « lambda » et les 24 % restants des professionnels : éleveurs, abatteurs-transformateurs et distributeurs. Les réponses divergent dans le cas de la castration sans anesthésie avec un taux d’acceptation variant de 27 % pour les non-professionnels jusqu’à 61 % pour les éleveurs. La castration avec anesthésie fait davantage consensus, tout comme l’immunocastration. « Les enquêtés ont une option plutôt positive ou neutre de cette pratique, du fait de l’amélioration du bien-être et des garanties sur la qualité de la viande », analyse Marijke Aluwé, de l’institut de recherche agricole Ilvo en Belgique. Dans le cas du mâle entier, ce sont les professionnels de l’abattage-transformation qui montrent une moins bonne acceptabilité de la pratique. « Un résultat sans doute lié à la crainte de viande à odeur de verrat, qui pourrait pourtant favorablement évoluer grâce à une meilleure maîtrise du risque dans la chaîne de production », anticipe la chercheuse.
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Trois typologies de consommateurs
À l’issue du questionnaire, trois groupes de consommateurs ont été identifiés : le premier, avec 45 % des répondants, est contre la castration à vif, pour l’anesthésie et l’immunocastration et a un avis neutre sur le mâle entier. Sa décision d’achat est influencée par le bien-être animal et le goût de la viande. « Le second groupe représentant 38 % est également contre la castration à vif mais n’a pas d’opinion claire sur les trois alternatives, probablement parce qu’il les connaît moins. » Le plus petit et troisième groupe (17 %) a un avis neutre sur la castration à vif, est favorable à la castration avec anesthésie mais défavorable au mâle entier et à l’immunocastration. « Le niveau d’acceptabilité des alternatives à la castration dépend de l’importance accordée par chaque individu au bien-être animal, au goût de la viande et à la sécurisation de la chaîne de production (innocuité, aspect sain). Dans tous les cas, chacune des alternatives a une meilleure acceptabilité que la castration à vif. »
Pour le groupe Ipema, cette enquête montre que le consommateur européen est prêt à accepter l’immunocastration à condition d’être informé sur cette pratique. Il reste à vérifier que les consommateurs hors Europe le seront aussi, et notamment ceux du continent asiatique représentant un marché essentiel pour la production européenne. Par ailleurs, les résultats de l’enquête par pays européen, disponibles d’ici fin 2020-début 2021, apporteront probablement un autre éclairage.
Le saviez-vous
Un consommateur sur deux en moyenne est informé de la pratique de castration des porcs mâles. En revanche, très peu savent qu’il existe des solutions alternatives (10 % pour le mâle entier, 1 % pour l’immunocastration).
Ipema coordonne les recherches sur les alternatives à la castration
L’action Cost Ipema (1) vise à faciliter le développement de solutions intégrées pour le développement d’alternatives à la castration chirurgicale des porcelets, à savoir l’élevage de mâles entiers et l’immunocastration. Pour Ipema, ce sont deux solutions à moyen et long termes, la solution de la castration sous anesthésie étant considérée comme une solution à court terme et/ou pour des marchés spécifiques. Financé par l’Union européenne, l’objectif d’Ipema est de coordonner la recherche et de combler les lacunes dans les connaissances entre les différentes régions d’Europe et entre la recherche et les acteurs de la filière porcine. Les résultats de quatre années de travaux ont été présentés lors d’une visioconférence en ligne le 15 septembre 2020 à laquelle ont participé 300 personnes de 30 pays. Ils seront intégralement diffusés dans un numéro spécial de la revue Animals, disponible fin 2020-début 2021.