Foncier viticole : grandir avec l’aide de la coopérative
Sur le terroir de l’appellation crozes-hermitage, Myriam Bruyère, arboricultrice, a ajouté la viticulture à son activité et a progressivement pris en main l’exploitation de 4 hectares de vignes en coopération.
Sur le terroir de l’appellation crozes-hermitage, Myriam Bruyère, arboricultrice, a ajouté la viticulture à son activité et a progressivement pris en main l’exploitation de 4 hectares de vignes en coopération.
Myriam Bruyère s’est d’abord installée en arboriculture en 2015, à Larnage, dans la Drôme, à l’issue d’un congé parental. Elle cultive un verger d’abricotiers en bio sur 5 hectares. Désireuse de se diversifier en viticulture, en 2018, elle a commencé par reprendre un demi-hectare de vigne en fermage. La parcelle appartenait à un coopérateur de la Cave de Tain partant à la retraite. Elle l’a convertie en bio. Le choix de la coopération était pour elle une évidence. « J’ai travaillé à la Cave de Tain à mi-temps. L’esprit coopératif est ancré chez moi », souligne-t-elle. « En 2019, la cave a proposé de planter et de me louer 8 000 m2 de plus via une SCEA », poursuit-elle.
Un cap de plus a été franchi avec un agrandissement sur 1,5 hectare, acquis cette fois-ci par un GFV (groupement foncier viticole) constitué à l’initiative de la coopérative. Il a financé la plantation qui s’est étalée de 2019 à 2022. Cette terre fait l’objet d’un bail à long terme.
L’agrandissement fait partie d’un projet global
Cet enjeu économique a beaucoup joué lors de l’attribution du lot de 1,5 hectare d’un seul tenant par la Safer. Il avait été question de séparer le lot en quatre parcelles mais la parcelle était excentrée. « Faire une demi-heure de tracteur pour 3 000 m2, ça aurait vite rajouté des coûts. Le monde agricole sait parfois être collectif et cohérent », se réjouit-elle. Installer des nouveaux coopérateurs est une priorité de la cave.
Voir le foncier avant tout comme un outil de travail
Le fait d’être en bio lui ouvre des possibilités d’aides de la part de la cave en s’engageant sur une charte sur dix ans. Elle bénéficie en outre d’une aide technique de la coopérative si besoin.
Le paiement des apports intervient un an après les vendanges. Pour le matériel, l’exploitation adhère à une Cuma située à Larnage. L’équipement nécessaire en propre est acheté d’occasion, quitte à aller le chercher loin. « Je me suis déplacée jusqu’à Carcassonne l’an dernier, pour chercher un intercep », confie-t-elle. Elle s’est équipée d’un tracteur vigneron. Elle dispose déjà de bâtiments. « Cela permet de les amortir sur autre chose car la saison de l’abricot ne dure que quelques semaines », apprécie-t-elle.
Ne pas posséder de terre ne dérange pas Myriam Bruyère. « Pour moi, la terre c’est un outil », explique-t-elle. Le prix moyen de l’hectare échangé sur l’appellation (150 000 euros par hectare en moyenne en 2022 selon la Safer) rend de toute façon la perspective d’achat improbable. Quand bien même des banques l’auraient suivie compte tenu de la forte valorisation actuelle de l’AOP crozes-hermitage, elle n’est pas dans cette logique. « Je suis installée hors cadre familial, je n’ai pas envie de me mettre de gros emprunts sur le dos et m’engager sur vingt ans. Là j’ai pu répondre à une demande rapide, c’est pratique », conclut-elle.
Des dispositifs pour préserver le foncier
repères
EI Myriam Bruyère
Surface 3 hectares
Encépagement syrah
Dénomination AOP crozes-hermitage
Effectif 1,5
Commercialisation 100 % coopération
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