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Vitipastoralisme : Brebis_Link élabore des règles de bon pâturage

Lancé en novembre 2018 par la chambre d’agriculture de Dordogne, le projet Brebis_Link travaille à définir un guide pratique pour faire revenir des brebis dans les vignes.

Le projet Brebis-Link se déroule sur une parcelle du lycée agricole de La Brie à Monbazillac. © Chambre d'agriculture de la ...
Le projet Brebis-Link se déroule sur une parcelle du lycée agricole de La Brie à Monbazillac.
© Chambre d'agriculture de la Dordogne

Comment faire du pâturage des brebis dans les vignes un solution agronomique viable qui soit aussi un outil de dynamisation du territoire? C’est la question à laquelle s’attelle le projet Brebis_Link. Son objectif est de constituer un « mode d’emploi » permettant aux viticulteurs et éleveurs de collaborer pour insérer cette pratique dans le contexte de la viticulture d’aujourd’hui.

Observer, recenser et évaluer les pratiques

Le projet, coordonné par Camille Ducourtieux de la chambre d’agriculture de Dordogne, est mené sur deux ans. Il repose sur deux volets : une expérimentation grandeur nature menée dans une parcelle du lycée agricole de la Brie à Monbazillac et une enquête menée auprès de six viticulteurs et quatre éleveurs pratiquant cette méthode en Pyrénées-Atlantiques, Gironde, Dordogne et dans le Lot. L’évaluation se concentre sur quatre objectifs principaux : évaluer le rôle agronomique, y compris l’impact sur les maladies ; observer des dégâts éventuels ; s’assurer du bien-être animal et évaluer l’effet sur le temps de travail.

L’expérience est menée sur une parcelle de sauvignon blanc plantée à 2 m en interrang et cultivée en conventionnel. C’est un sol dont le « potentiel de vigueur est estimé moyen » et le stock de matière organique « potentiellement correct ». La zone pâturée est de 1,56 ha. Le reste de la parcelle est laissé en zone témoin de 2,44 ha. Les brebis ont été transportées en camion depuis la ferme expérimentale de Glane, à Coulaures, distante d’environ 80 km.

L'effeuillage nécessite beaucoup de surveillance

Une quarantaine de brebis de race romane ont pâturé à deux reprises : dix jours du 20 au 30 novembre 2018 et sept jours du 5 au 12 mars 2019. Le projet veut aussi tester leur action pour un début de travaux en vert, juste avant la véraison, en éclaircissant le feuillage. Une vingtaine de brebis ont donc aussi pâturé dans la nuit du 26 au 27 juin 2019. Mais la canicule a limité l’expérience. Parmi les domaines interviewés pour la partie étude de Brebis_Link, l’effeuillage n’est expérimenté que dans deux cas. « Cette méthode nécessite beaucoup de surveillance pour optimiser l’effeuillage des vignes sans dégâts », commente la synthèse de l’étude réalisée par Élisa Landais, stagiaire à la chambre. Il faut aussi tondre les brebis pour éviter que leur laine ne s’accroche dans les sarments.

Une méthode de gestion du couvert qui se révèle efficace

Sur le terrain, il a été observé un déplacement groupé et une bonne répartition des brebis sur la parcelle. Passer d’un rang à l’autre, sous les fils, ne leur pose pas de problème et ne cause pas de dégâts sur le palissage. En novembre, elles ont consommé de l’herbe, mais aussi des feuilles de vignes sèches et des rafles. « Le dispositif ne permet pas de répondre aux questions de races les plus adaptées », regrette Camille Ducourtieux. La hauteur des brebis par rapport à celle des vignes et du palissage est un critère majeur, leur comportement aussi.

L’herbe de la parcelle a été pâturée « très ras » mais a révélé « une valeur pastorale faible ». Il est à noter que cette valeur a augmenté sensiblement entre 2018 et 2019, uniquement pour la parcelle pâturée. Dans les cas de couvert semé recensés par l'enquête, « les espèces implantées sont choisies par les propriétaires sans concertation avec les éleveurs ». Elles n’améliorent donc pas forcément le menu des brebis.

La compatibilité avec les traitements en question

La faible pression maladie en 2018/2019 n’a pas permis de tirer de conclusions sur l’éventuel effet de la présence des brebis face à des attaques de mildiou, oïdium et black rot, selon la synthèse réalisée par Camille Ducourtieux et Laurent Colombier de la chambre d’agriculture de Dordogne, tout début mars 2019.

La compatibilité avec les traitements est un thème que le projet Brebis_Link n’a pu qu’esquisser. Camille Ducourtieux pointe la sensibilité des ovins « à l’intoxication chronique au cuivre ». Pour elle, « c’est un frein majeur au pâturage ovin dans les vergers et vignes ». La parcelle affichait des teneurs élevées en cuivre, considérées comme sans risque compte tenu de la courte période de pâturage.

Sur la parcelle pâturée, un passage de disques émotteurs sous le rang a été évité au printemps. L’enquête a confirmé que les brebis permettaient de diminuer le nombre de passages mécaniques. Le gain de temps est estimé à 25 heures. Cinq propriétaires enquêtés sur six ont cessé de fertiliser. Tous ont avancé des économies de carburant.

Une collaboration à construire pour un intérêt commun

Reste à évaluer le temps passé par les viticulteurs à s’occuper des brebis. « Il faut que le viticulteur soit prêt à mettre la main à la pâte pour attirer l’éleveur et trouver un deal entre les deux pour que ça soit attractif », prévient Camille Ducourtieux. Un véritable partenariat est à construire, et encore plus en cas de non proximité du berger et du domaine viticole. Devoir transporter les brebis sur une distance importante peut paraître contradictoire avec l’objectif environnemental et de bien-être animal. L’éleveur ne dispose pas d’abri sur place en cas d’intempéries, ni de logement pour lui. Il faut prévoir des tonnes à eau pour abreuver les animaux. En parallèle, il est aussi question de recenser le foncier pâturable pour installer des prairies et un éleveur. L’expérience Brebis_Link se poursuit, les brebis étaient de retour dans la parcelle le 3 décembre.

 

Lire la suite de notre dossier sur le vitipastoralisme : 

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