Poulet : la consommation bondit de 24 % en 5 ans, la production ne suit pas
La consommation de volaille a progressé en 2024. Les importations augmentent aussi, et se hissent à part égale à la production nationale, ce qui constitue une menace à désamorcer rapidement pour continuer à satisfaire la forte demande avec des volailles françaises.
La consommation de volaille a progressé en 2024. Les importations augmentent aussi, et se hissent à part égale à la production nationale, ce qui constitue une menace à désamorcer rapidement pour continuer à satisfaire la forte demande avec des volailles françaises.
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« Chaque Français a consommé 31,6 kg de volaille en 2024 dont 24,6 kg de poulet. La volaille grimpe ainsi sur la première marche du podium de la viande la plus consommée en France, passant devant le porc » se réjouit l’interprofession de la volaille de chair, Anvol, réunie ce 18 février 2025 lors d’une conférence à Paris.
La consommation de volaille en forte hausse
La France a enregistré une hausse de 9,8% de sa consommation de volaille par rapport à 2023, soit une hausse de 15 % en 5 ans. Pour le poulet, la consommation a même bondi de 24,4 % depuis 2019. Ces progrès permettent de stabiliser le pays au titre de premier consommateur de volaille de l’Union européenne par habitant. Sachant que la consommation moyenne de l’UE s’établit désormais à 24 kg/an/habitant.
Le poulet domine
Le poulet reste prédominant dans la consommation française. Jean Michel Schaeffer, président d’Anvol, précise que « près de quatre volailles sur cinq consommées en France en 2024 étaient du poulet », ce qui représente une part de marché de 78,7 % sur tous circuits confondus. Le poulet compte pour 72% des volailles élevées en France.
« près de quatre volailles sur cinq consommées en France en 2024 étaient du poulet »
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La diversité de volaille fait la singularité de la France
La diversité des volailles a largement été plébiscitée durant les fêtes de fin d’année, ce qui a permis aux espèces sous représentées telles que la pintade, la caille et le pigeon de passer la barre des 1%, et d’atteindre 1,53% de part de marché de la volaille sur 2024. La dinde maintient sa deuxième place avec 11,6% des volailles consommées, et le canard sa troisième place avec une part de 8,2% en 2024. Selon une enquête d’Anvol, 93% des Français sont attachés à la diversité de volailles et estiment qu’elle devrait être préservée et encouragée.
Sur douze mois, les achats des ménages en magasins ont progressé pour la majorité des espèces de volailles. Cela est due à leurs prix abordables, et en baisse, permettant une hausse de 5,4% en volume comparé à 2023.
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C’est le canard qui enregistre la plus grande progression. « Le canard est de retour dans les rayons, avec une augmentation en volume de 59,1% en un an. Une remontée encourageante après la crise sanitaire de l’influenza aviaire des dernières années » évoque Patrick Pageard trésorier de l’Anvol.
Les importations picorent plus de parts de la consommation
41% des volailles consommés provient des importations. Sur l’ensemble des volailles, c’est essentiellement le poulet qui est touché, fait remarquer Gilles Huttepain, vice-président de l’Anvol qui déclare que « près d’un poulet sur deux sont importés en France. Le déficit se creuse, on importe plus de filets qu’on en produit ». Ainsi ce sont essentiellement les pièces de filets et les préparations qui sont les plus importées. Ces deux types de produits sont très utilisés par les professionnels de la RHD et les industriels agroalimentaires.
Près d’un poulet sur deux sont importés en France
Selon une enquête menée par Anvol, 88% des Français estiment que les importations de volailles constituent une menace pour le maintien de la filière française.
La relance de la production pour contrer les importations
L’année 2024 est marquée par la reprise de la production, qui enregistre une hausse de 12,1% par rapport 2023. « La production a repris son niveau d’avant crise sanitaire. Mais cela reste assez minime pour contenir la progression de volailles importées. L’offre en poulet du quotidien reste insuffisante aujourd’hui » précise Jean Michel Schaeffer le président d’Anvol.
L’offre en poulet du quotidien reste insuffisante aujourd’hui
Construire 400 poulaillers en 5 ans
Selon Gilles Huttepain, vice-président de l’Anvol « la souveraineté alimentaire est de plus en plus menacée, il faudrait augmenter l’offre nationale de poulet pour répondre à cette demande croissante et record». D’après l’Anvol, la construction de 400 poulaillers sur 5 ans sur l’ensemble du territoire, constitue une stratégie gagnante. Cela permettrait de gagner 20% sur les parts dans la consommation nationale de poulets et de continuer à garantir l’indépendance alimentaire du pays.
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S'opposer aux importations déloyales
Une autre solution afin de protéger la production nationale, serait que le gouvernement mette en place plus de mesures protectionnistes, contre des volailles importées. « On attend du gouvernement des mesures pour empêcher la concurrence déloyale apportée par les accords de libre-échange tel que celui du Mercosur » annonce le président d’Anvol Jean-Michel Schaeffer, évoquant aussi une baisse du quota accordé à l'Ukraine. Ces attentes sont partagées par les Français qui, selon l’enquête d’Anvol, seraient à 89% favorables à l’instauration de mesures gouvernementale contre les importations de volailles.
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