Une alimentation de précision réduit les impacts des rejets des élevages de porcs sur l’environnement
La réduction de l’azote consommé par les porcs permise par une alimentation de précision multiphase limite l’impact des rejets sur l’acidification et l’eutrophisation des milieux. Les résultats sont plus contrastés concernant l’impact sur le changement climatique et la consommation d’énergie renouvelable.
La réduction de l’azote consommé par les porcs permise par une alimentation de précision multiphase limite l’impact des rejets sur l’acidification et l’eutrophisation des milieux. Les résultats sont plus contrastés concernant l’impact sur le changement climatique et la consommation d’énergie renouvelable.
Le projet de recherche Feed-a-Gene piloté par l’Inrae a évalué le potentiel de réduction des impacts environnementaux d’un élevage mettant en œuvre une alimentation de précision en engraissement, une stratégie qui ajuste quotidiennement les apports nutritionnels à chaque porc afin de couvrir leurs besoins physiologiques. Les résultats obtenus en conditions réelles dans les stations expérimentales de l’Ifip et de l’Inrae montrent que cette technique économe en intrants réduit de façon systématique l’impact des rejets de l’élevage sur l’acidification et l’eutrophisation des milieux par rapport à une alimentation biphase classique. Cette réduction est liée à la baisse de l’azote ingéré d’environ 5 à 6 % par porc. Les résultats expérimentaux font également état d’une baisse des impacts des rejets sur le changement climatique, mais uniquement avec une stratégie d’alimentation à volonté. En effet, ce type d’alimentation a permis dans ces essais d’améliorer l’indice de consommation par rapport à une alimentation biphase classique en groupe. Ce qui n’a pas été le cas pour une alimentation rationnée.
Des marges de progrès possibles prouvés par la modélisation
L’impact des rejets a été également évalué par modélisation, une approche qui évalue les stratégies en conditions optimales. Deux types d’alimentation intermédiaires réduisant de façon graduelle l’azote ingéré entre l’alimentation biphase et l’alimentation individuelle de précision ont été ajoutés : un programme biphase à basse teneur en protéines et une alimentation multiphase en groupe. La réduction progressive de l’azote excrété lors du passage d’une alimentation biphase à une alimentation de précision a entraîné une réduction des impacts des rejets sur l’acidification et l’eutrophisation des milieux. Elle est respectivement de -19 % et -12 % par rapport à une alimentation biphase, et de -12 % et -7 % par rapport au biphase à basses teneurs en protéines. Ces réductions simulées sont plus importantes que celles mesurées in vivo, car elles considèrent un scénario optimal de mise en œuvre de l’alimentation de précision dans lequel les besoins individuels des animaux au jour le jour seraient parfaitement estimés. Ce qui n’est pas le cas dans les tests expérimentaux en station. Les simulations montrent par ailleurs que l’alimentation de précision n’a aucune incidence sur le changement climatique et l’occupation des surfaces. Elle agit même négativement sur la consommation d’énergie non renouvelable. Ce résultat s’explique par une légère dégradation de l’indice de consommation en alimentation de précision par rapport à une alimentation biphase, et par la consommation d’électricité supplémentaire des équipements requis.
Ajuster les niveaux nutritionnels des aliments
La dégradation de l’indice de consommation avec l’alimentation de précision n’est pas une fatalité. D’autres travaux démontrent que des aliments plus riches, qui se traduisent notamment par un niveau de lysine sur énergie nette plus élevé, permettent de l’améliorer et de réduire ainsi tous les impacts sur l’environnement. Le gain environnemental permis par l’alimentation de précision est très sensible à la capacité de la stratégie à couvrir les besoins nutritionnels des porcs les plus exigeants. Par conséquent, il est encore possible d’améliorer les dispositifs et les stratégies de l’alimentation de précision pour tirer pleinement parti de l’idée première d’adapter pour chaque porc et quotidiennement les apports en nutriments aux besoins des animaux.
Repères
Les impacts environnementaux ont été calculés par analyse de cycle de vie pour un kilogramme de porc charcutier, en prenant en compte la production des intrants alimentaires, la fabrication d’aliments, le transport des matières premières et les émissions de l’élevage avec la gestion des animaux et des effluents.
À retenir
Cinq impacts environnementaux évalués
L’acidification d’un milieu est une augmentation de son acidité en raison des activités humaines. Ce phénomène peut modifier les équilibres chimiques et biologiques et affecter les écosystèmes. Les élevages y contribuent du fait essentiellement de leurs émissions en ammoniac.
L’eutrophisation des milieux aquatiques est provoquée par un déséquilibre du milieu dû à l’augmentation de sa concentration en azote et phosphore, liée en partie à la fertilisation des cultures. Elle conduit à une croissance excessive de plantes et d’algues due à la forte disponibilité des nutriments.
Une source d’énergie non renouvelable se renouvelle moins vite qu’elle n’est consommée (et de manière négligeable à l’échelle humaine), par opposition aux énergies renouvelables. Toute consommation en énergie non renouvelable des élevages (production des aliments, fonctionnement du bâtiment, gestion des effluents…) participe à réduire ces ressources énergétiques épuisables.
L’occupation des sols mesure l’emprise au sol nécessaire, pour produire du porc par exemple. C’est un impact en tant que tel car les surfaces disponibles sont limitées et se réduisent même du fait de l’artificialisation des sols et de leur baisse de fertilité (sécheresse…).