À Porélia, de jeunes investisseurs contraints
Gabriel Le Duff, Benjamin Raoul et Mathis Morineau incarnent l’avenir de la coopérative finistérienne Porélia. Mais pour les trois témoins de l’assemblée générale du groupement à Pleyben, le 24 mai, l’installation ou les projets d’évolution sont semés d’embûches.
Gabriel Le Duff, Benjamin Raoul et Mathis Morineau incarnent l’avenir de la coopérative finistérienne Porélia. Mais pour les trois témoins de l’assemblée générale du groupement à Pleyben, le 24 mai, l’installation ou les projets d’évolution sont semés d’embûches.
Benjamin est installé depuis février dernier, les deux autres s’y préparent. Mathis devrait s’installer en 2025 en s’associant avec l’éleveur qui l’emploie à Lannebert (Côtes d’Armor) depuis quatre ans (plus deux comme apprenti), un élevage qui vend tous ses porcs charcutiers au marché du porc Breton.
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Gabriel, lui, attend le feu vert de l’administration pour avoir suffisamment de visibilité et reprendre sereinement l’exploitation familiale située à Plomodiern (Finistère). Pour ces trois jeunes de 25 ans, l’entrée en production porcine n’a rien d’une sinécure. Chacun rencontre quelques difficultés à mener à bien son projet.
Convaincre les élus
Installé sur une structure de 205 truies naisseur-engraisseur, Benjamin se prépare à déposer un dossier d’instruction pour rapatrier sur site une partie de ses engraissements issus d’un site extérieur. « Sur ma commune de Commana, il n’est pas facile de faire aboutir des dossiers porcins, explique le jeune éleveur finistérien. Pour y arriver, je vais rencontrer les élus pour leur expliquer que mon dossier, c’est un projet de territoire. Je souhaite faire d’une exploitation familiale une structure de production cohérente, avec tous les stades physiologiques sur place. » L’éleveur a budgété autour de 800 000 euros d’investissement pour la construction d’un bâtiment d’engraissement neuf et des trackers pour réduire sa facture d’électricité de sa fabrique d’aliment. Et d’ici dix ans, il envisage de construire une maternité liberté.
Moins d’autonomie que prévu
Mathis Morineau s’associera début 2025 avec son employeur actuel sur une structure de 420 truies naisseur engraisseur dans les Côtes d’Armor, sur 100 hectares de terres avec une Faf intégrale. La difficulté qu’il rencontre porte sur l’acquisition de terres supplémentaires. « Je devais récupérer 80 hectares mais après la mise en concurrence, je ne peux finalement qu’en acheter 60 ». Cette difficulté ne devrait pas freiner son projet d’installation. « Nous aurons un peu moins d’autonomie qu’initialement prévu pour fabriquer l’aliment à la ferme, mais nous passerons quand même de 30 à 48 % ».
Rapatriement difficile
Le cas de Gabriel Le Duff est un peu plus compliqué. Se préparant à reprendre l’élevage familial (mixte lait-porc avec 200 truies) situé en bassin algues vertes où il est salarié depuis trois ans, il retarde son installation tant qu’il n’a pas le feu vert de l’administration pour réautoriser le rapatriement d’engraissements. Sans cette autorisation il ne peut, dit-il, « établir aucun plan de financement et il est possible qu’on nous demande de réduire la production de porcs charcutiers et le cheptel truies. C’est une situation très stressante qui dure depuis plusieurs années ».
Une année 2023 satisfaisante pour Porélia
L’année a été tout à fait correcte pour les 145 producteurs adhérents de Porélia (133 naisseur-engraisseurs, 10 post-sevreurs engraisseurs et 2 naisseurs) et leur groupement. La coopérative qui concentre 68 % de ses élevages dans le Finistère a commercialisé 855 126 porcs charcutiers dans l’année, un volume d’activité quasi identique à 2022. « Les éleveurs de Porélia restent viscéralement attachés à leur autonomie (70 % des cochons sont nourris avec de l’aliment fabriqué à la ferme) et à la fixation du prix au MPB », souligne Morgane Rannou, présidente du groupement. 55 % des porcs de Porélia sont présentés chaque année à la vente au Marché. C’est de loin le premier apporteur du MPB : « nos animaux font 40 % du catalogue ». Cependant Morgane Rannou n’a pu masquer son agacement face aux contraintes de toutes sortes auxquelles font face les éleveurs de porcs. Elle déplore que la loi d’orientation agricole qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale n’ait pas pris en compte les amendements des professionnels qui souhaitaient des assouplissements. De ce point de vue, le président du conseil départemental du Finistère a apporté tout son soutien aux éleveurs de porcs. Présent lors de l’AG de Porélia, Maël de Calan a rappelé qu’en matière d’environnement, « la science, la raison et les faits doivent s’imposer face à l’émotion », a-t-il indiqué. Il a rappelé que dans le Parc national marin d’Iroise qu’il préside, il a déjà autorisé « cinq épandages de lisier dans la bande littorale des 500 mètres » parce que le produit était conforme. Un discours qui a plu aux éleveurs présents lors à l’AG.