Les bâtiments Physior offrent aux porcs du bien-être à tous les stades physiologiques
L’élevage alternatif Physior construit par Pierre Morfouace a été conçu pour tenir compte à la fois des besoins naturels des animaux et des conditions de travail. Tous les animaux ont un accès à l’extérieur, quel que soit le stade physiologique.
L’élevage alternatif Physior construit par Pierre Morfouace a été conçu pour tenir compte à la fois des besoins naturels des animaux et des conditions de travail. Tous les animaux ont un accès à l’extérieur, quel que soit le stade physiologique.
Accès à l’air libre, aménagement de trois zones de vie dans les cases (couchage, alimentation et déjections), apport de paille, faibles densités, conduite des truies en totale liberté, ventilation statique, arrêt de la castration et de la caudectomie… L’élevage de 265 truies naisseur-engraisseur inauguré chez Pierre Morfouace à Plestan, dans les Côtes-d’Armor, le 7 juillet dernier mais peuplé depuis déjà un an et demi a été conçu pour répondre à toutes les attentes des consommateurs en termes de bien-être animal.
À cela s’ajoute la prise en compte du confort de l’éleveur et de ses salariés. Tout ceci a abouti à la création du concept Physior que la coopérative lamballaise Le Gouessant compte bien évaluer, pour ensuite le développer chez d’autres éleveurs.
L’originalité de cet élevage tient au fait que ces contraintes s’appliquent à tous les stades physiologiques. En gestante, cinq grandes cases sur litière accumulée ont été construites pour les loger en conduite statique (une case par bande). Chaque animal dispose d’une surface de 2,45 m2. La paille est curée toutes les trois semaines. L’accès avec le télescopique se fait sur un côté du bâtiment équipé de grands portails surmontés de rideaux brise-vent régulés. La zone d’alimentation surélevée est constituée d’un Dac, permettant une alimentation individuelle. La ration est calculée en fonction du poids de l’animal pesé en sortie de maternité, et de son épaisseur de lard dorsal (ELD). Le plus par rapport à un élevage conventionnel consiste à un accès à une aire extérieure couverte où se trouvent les abreuvoirs. Son sol est constitué de caillebotis. « C’est l’endroit où les truies font leurs déjections », souligne Sophie Ambrois, responsable technique porc Le Gouessant.
Des maternités liberté avec une courette
En maternité, deux salles permettent de loger chacune 32 truies. Leur conception se rapproche des maternités bio, avec un accès à une courette extérieure couverte. Les truies sont en liberté, dans les cases conçues pour que l’éleveur puisse accéder facilement au nid des porcelets et à l’auge depuis le couloir central. L’éleveur apporte de la paille tous les jours au moyen d’un chariot. Les cases sont nettoyées manuellement deux fois par semaine. Elles restent généralement propres, puisque les truies font leurs déjections dans la courette extérieure. Mélangées à la paille, elles sont évacuées également deux fois la semaine à l’aide d’un télescopique.
Les porcelets sevrés à 28 jours sont dirigés vers l’un des trois bâtiments de post-sevrage constitués chacun de 17 cases de 22 places (0,57 m2 par animal). L’intérieur est sur sol plein paillé manuellement tous les jours. Sa surface est variable selon le poids des animaux, grâce à une barrière amovible. La case comprend également un nid chauffé et des alimentateurs. La courette extérieure est sur caillebotis plastique, sous lesquels un racleur en V évacue les déjections. Les engraissements reprennent la même conception, excepté pour la zone d’alimentation située à l’extérieur. Chaque porc dispose d’une surface de 1,20 m2. « La conception des cases influence à la fois leur propreté et le comportement des animaux », constate Sophie Ambrois. Ainsi, elle a constaté que l’aire de repos ne doit pas trop être exposée à la lumière naturelle pour qu’elle ne soit pas souillée. « Cela empêche également des déclenchements de caudophagie. Les porcelets sont plus calmes et interagissent moins quand il fait sombre. »
L’impact environnemental de l’élevage a aussi été pris en compte, et des solutions ont été mises en place à tous les stades physiologiques pour le diminuer. Avec les accès au plein air, la lumière naturelle a été privilégiée. Tous les bâtiments sont en ventilation statique avec des ouvertures régulées en fonction de la température dans les salles. Les racleurs en V installés sous les caillebotis limitent les émissions d’ammoniac, de même que les couvertures de fosse. Les déjections sont compostées et exportées pour fertiliser des cultures.
Des outils de mesure performants
À chaque stade physiologique, des cases témoin permettent le suivi de l’activité des animaux. Des caméras installées en hauteur analysent leurs déplacements. Les boucles RFID fixées à une oreille permettent leur identification individuelle pour évaluer les quantités d’eau et d’aliment qu’ils consomment. Pour cela, des alimentateurs spécifiques ont été installés dans ces cases. Des boîtiers connectés mesurent la qualité de l’air et les rejets gazeux des bâtiments. Ces recherches sont réalisées en collaboration avec l’Ifip, et les sociétés Asserva et See-d (société de conseil en intelligence artificielle). Pour cet ensemble construit totalement à neuf à l’écart de l’ancien élevage conventionnel de Pierre Morfouace, l’investissement a été de 4,6 millions d’euros, dont 1 million d’euros dédié à la recherche et développement financé par Le Gouessant.
La vente des porcs charcutiers a été contractualisée avec Kermené sur 12 ans. Le Gouessant s’engage à évaluer précisément le potentiel technico-économique de l’élevage « pour assurer sa reproductibilité à une plus large échelle ». Les premiers résultats techniques, encore peu significatifs, sont cependant prometteurs : 13 porcelets sevrés par portée, 2,40 d’indice de consommation et 770 g/j de GMQ sur la période 8-115 kg. Il reste aussi à évaluer la pénibilité du travail et la quantité de main-d’œuvre supplémentaire nécessaire. Tout ceci ayant pour objectif final d’évaluer précisément le coût de production et d’obtenir de la part du partenaire aval une rémunération adéquate.
En chiffres
La Ferme de la maison neuve à Plestan (22)
« Une approche totalement différente du conventionnel »
Pierre Morfouace, Ferme de la maison neuve
« La construction d’un élevage alternatif a été motivée par la volonté de produire pour répondre aux attentes des consommateurs. C’est aussi un moyen de faciliter sa transmission à mon successeur, actuellement salarié et qui approuve totalement mon choix. Nous avons radicalement changé notre façon de travailler par rapport à l’ancien élevage conventionnel. Nous sommes plus à l’écoute des animaux, et nous intervenons très peu. En revanche, le temps de travail global a augmenté. J’estime qu’il faut 0,5 UTH de plus. Aujourd’hui, nous sommes quatre sur l’élevage : deux salariés, un apprenti à mi-temps et moi-même. »
« Nous recherchons de nouveaux éleveurs Physior »
André Fertil, responsable commercial du marché porc
« Le Gouessant souhaite développer son activité Physior pour répondre à des marchés en développement en partenariat avec ses partenaires de l’aval. C’est pourquoi nous lançons un appel aux éleveurs intéressés qui ont un projet de construction ou de rénovation de places d’engraissement, de la région Bretagne et départements limitrophes. Le Gouessant les accompagnera dans le montage de leur dossier. Il n’y a pas d’obligation d’avoir tous ses bâtiments d’engraissement dans le concept Physior. »