Les acides aminés limitent le recours au soja dans l'aliment des porcs
Sans recours aux acides aminés de synthèse, l’autonomie protéique de la France diminuerait de 8,5 points. Les aliments porcs sont particulièrement concernés.
Sans recours aux acides aminés de synthèse, l’autonomie protéique de la France diminuerait de 8,5 points. Les aliments porcs sont particulièrement concernés.
Une étude réalisée par Ajinomoto animale nutrition Europe et le Céréopa (1) démontre que sans les acides aminés de synthèse utilisés dans les formules pour équilibrer les rations, la France consommerait 50 % de tourteau de soja en plus.
L’utilisation de cette matière première augmenterait progressivement selon les acides aminés supprimés : +2 % sans valine de synthèse, +3 % si l’on enlève aussi le tryptophane des formules, +19 % en retirant la thréonine, et enfin +50 % avec le retrait de la lysine. « L’autonomie protéique de la France diminuerait ainsi de 8,5 points », affirme Nicolas Martin, directeur développement durable Metex Noovistago, l’entreprise qui a racheté l’an passé à Ajinomoto l’usine de fabrication d’acides aminés d’Amiens, dans la Somme. Les aliments porcs sont particulièrement concernés. « Les achats de tourteau de soja en provenance de l’étranger augmenteraient de 877 000 tonnes par an si on se prive de ces quatre acides aminés de synthèse. »
Le tourteau de soja importé deviendrait alors la première source de protéines pour l’alimentation animale, grâce à son profil en acides aminés qui se rapproche fortement des besoins des animaux de rente. Les tourteaux de tournesol et de colza ne pourraient plus être utilisés, à cause de leur carence en certains de ces acides aminés. Selon une simulation réalisée sur un aliment porc croissance standard, la part du tourteau de soja passerait alors de 2 à 26 %, et celle du tourteau de colza de 10 à 0 % ! « Cette étude met en évidence que l’utilisation d’acides aminés de synthèse permet d’établir des synergies avec les matières premières locales, pour réduire la dépendance protéique. » Nicolas Martin souligne également que les acides aminés contribuent aussi à cette moindre dépendance protéique en réduisant le taux protéique des formules. « Les acides aminés existant actuellement sur le marché permettent aujourd’hui de formuler un aliment croissance à 14,5 % de protéines brutes tout en répondant aux besoins du porc à ce stade. » Un argument important pour réduire l’empreinte carbone de la production porcine, « d’autant plus que les acides aminés valorisent les sources locales de protéines alternatives ».