Le porc peut être producteur net de protéines
En valorisant des matières premières végétales non comestibles par l’homme, l’élevage de porc peut produire plus de protéines animales qu’il ne consomme de protéines végétales.
En valorisant des matières premières végétales non comestibles par l’homme, l’élevage de porc peut produire plus de protéines animales qu’il ne consomme de protéines végétales.
La compétition alimentaire entre l’homme et les animaux d’élevage fait souvent débat, ces derniers étant en partie nourris avec des matières premières végétales qui pourraient être consommées directement par l’homme.
Chez les espèces granivores, le taux de concurrence alimentaire se situe entre 20 et 35 % chez le porc et, 20 à 65 % chez la volaille, tandis qu’il atteint 5 à 25 % pour les ruminants consommant majoritairement de l’herbe et des fourrages. « Cette concurrence se réduit à mesure que l’alimentation animale valorise des végétaux et des coproduits non comestibles par l’homme, notamment issus des transformations industrielles pour l’alimentation humaine », rappelle le groupement d’intérêt scientifique (Gis) Avenir élevage dans une récente synthèse. Ainsi, un tiers du grain de blé n’est pas consommé par l’homme (drêches, son…), de même que la totalité de la pulpe de betterave issue de l’extraction du sucre.
Augmenter la part des végétaux non comestibles
La concurrence entre alimentation humaine et animale ne s’appréhende plus de la même façon, si l’on prend en compte uniquement les produits végétaux comestibles par l’homme (grain de blé, de maïs…), en écartant les végétaux non comestibles (drêche, tourteau ou herbe pour les ruminants…).
L’illustration la plus parlante est celle des ressources en protéines. On considère que 2,5 kilos à 10 kilos de protéines végétales sont nécessaires pour produire un kilo de protéines animales, selon l’espèce et la ressource végétale. Mais en prenant en compte uniquement les protéines en concurrence avec l’alimentation humaine (et en écartant la part non comestible), les quantités nécessaires sont cinq à dix fois plus faibles (voir infographie).
En porc, pour produire un kilo de protéines animales, il faut environ 2,5 kilos de protéines végétales, mais seulement 0,6 à 1,5 kilo de protéines végétales consommables par l’homme. Cela signifie que le porc peut être producteur net de protéines (valeur inférieure à 1 kilo), c’est-à-dire produire plus de protéines animales qu’il ne consomme de protéines végétales.
La condition à cela est de maximiser la part des végétaux non comestibles dans l’aliment des porcs. En gros, plus la part de coproduits de céréales, de pois, de tourteaux non consommables (colza et tournesol) et de maïs humide est élevée dans la ration, plus la quantité de protéines végétales consommables par l’homme nécessaire par kilo de protéines animales diminue. Selon les scénarios étudiés dans le cadre du Gis Élevages demain, cette quantité avoisine 1,4 kilo dans le cas d’un élevage en aliment complet, et peut baisser à 1 voire 0,7 kilo, selon la composition des aliments.
En Faf, elle baisse à 0,9 voire 0,6 grâce à l’utilisation plus élevée de maïs humide, de tourteaux non consommables et de coproduits liquides. Le cas de l’élevage bio ressortait moins favorable du fait des matières premières utilisées plus en concurrence avec celles pour l’homme et d’un indice de consommation plus élevé.
Ces données rebattent les cartes sur la concurrence alimentaire entre l’homme et l’animal. Elles ne tiennent pas compte du fait que les protéines animales sont considérées de meilleure qualité que les protéines végétales, car elles contiennent plus d’acides aminés indispensables. Ainsi en termes d’apports protéiques, 100 g de viande de porc équivaut à 150 g de tofu ou 260 g de lentilles, illustre le Gis Avenir élevage.
Un hectare sur cinq destiné à l’élevage
En France, les animaux d’élevage occupent 52 % de la surface agricole utile, essentiellement sous forme de prairies permanentes ou semées et de surfaces fourragères.
Ils mobilisent en revanche 19 % de la surface cultivée (grandes cultures principalement), celle-ci excluant les terres non cultivables (infertiles, inondables, non labourables), par ailleurs valorisées par les animaux.
Ces données ne tiennent toutefois pas compte des surfaces à l’étranger liées à l’importation de matières premières destinées aux animaux.