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« La vente directe a créé de l’emploi sur notre exploitation porcine de 140 truies »

Guillaume et Clément Trubert ont repris l’élevage familial en développant l’activité de vente directe avec l’objectif de diversifier leurs débouchés et d’améliorer leur autonomie.

« Sans la vente directe, notre élevage de 140 truies naisseur-engraisseur ne ferait vivre qu’une personne, voire 1,5 avec le foncier. Notre ferme compte désormais 9 personnes, soit 6 équivalents temps plein, dont 2 pour l’élevage et 4 pour la découpe/transformation et la vente sur les marchés. Cela montre qu’il est possible de ramener de l’emploi dans les fermes ! », expliquent avec fierté Guillaume Trubert, 35 ans, et son frère Clément, 32 ans, associés du Gaec Le Verger-Tixüe. 

Lire aussi : En Bretagne, une installation en porc sur dix se fait dans des élevages de moins de 150 truies

Située à Gévezé au cœur du bassin rennais, l’exploitation connue sous la marque commerciale « La Ferme dans le Verger » valorise en vente directe 10 porcs par semaine, soit 500 cochons sur un total de 3900 produits par an. Nés et engraissés sur place, ils sont commercialisés en viande fraîche et en produits de charcuterie-traiteur sur les marchés et les restaurants locaux ainsi que dans le magasin à la ferme, ouvert chaque jeudi après-midi. La vente directe génère 40 % du chiffre d’affaires de l’élevage, le reste des porcs charcutiers étant destinés à l’abattoir Cooperl de Montfort sur Meu, à quelques kilomètres.

Lire aussi : « L’activité de transformation des porcs permet de dégager un revenu pour quatre temps pleins »

 

 
« La vente directe a créé de l’emploi sur notre exploitation porcine de 140 truies »
© A. Puybasset

Des porcs nés et élevés à la ferme

Ce sont leurs parents, Marie-Noëlle et Dominique, qui ont démarré il y a 20 ans l’atelier de vente directe. Ce dernier a connu un tournant important à partir de 2019 avec l’arrivée de Guillaume sur la ferme familiale. « Nous avons décidé de passer à un rythme de vente hebdomadaire sur les marchés (au lieu d’une fois toutes les trois semaines) et de prendre 3 marchés supplémentaires, passant à 7 hebdomadaires. Nous avons embauché et développé la gamme de charcuterie-traiteur pour nous démarquer de la concurrence, investi dans un camion de vente plus grand et rénové le laboratoire de transformation. » En parallèle, le Gaec a démarré un projet de bâtiment d’engraissement sur paille qui s’est concrétisé fin 2022, année de l’arrivée de Clément sur l’exploitation et du départ à la retraite de Dominique. L’enjeu de cet investissement était d’être autosuffisant en termes de places d’engraissement et d’arrêter le façonnage. « Nous avons même diminué le cheptel de truies de 160 à 140 truies pour être 100 % autonomes. »

 

 
Le bâtiment d'engraissement sur paille avec courettes extérieures produit de l'électricité photovoltaïque.
Le bâtiment d'engraissement sur paille avec courettes extérieures produit de l'électricité photovoltaïque. © A. Puybasset

Une démarche d’autonomie et de circuits courts

Bardé de bois, le bâtiment de 180 places est équipé de courettes extérieures (une case de 30 porcs toutes les trois semaines), laissant la possibilité de passer en bio. Tous les cochons destinés à la vente directe proviennent de cet engraissement (15 jours d’élevage de plus que les autres). « Performant, il a été pensé pour optimiser le temps de travail. » Juste à côté, un hangar, neuf également, abrite le stockage de paille ainsi que les cellules de maïs et de blé servant à la fabrique d’aliment partielle des porcs charcutiers (25 % de complémentaire, distribution en soupe). « Le projet s’inscrit dans une recherche globale d’autonomie », poursuit Clément. « Nous fabriquons 100 % de l’aliment des porcs charcutiers. 70 % des céréales proviennent de nos terres (81 hectares dont 10 de prairies). Les panneaux photovoltaïques installés sur les deux bâtiments (110 kWc en autoconsommation avec vente en surplus) fournissent 30 % de nos besoins annuels en électricité (60 % d’autonomie l’été). »

Un équilibre des sources de revenus

Après trois premières années de travail intense, les exploitants ont pu réaliser de nouvelles embauches pour le suivi de l’élevage ainsi que pour le laboratoire. L’organisation est aujourd’hui bien rodée. Clément est responsable de l’atelier porcin tandis que Guillaume s’occupe de la vente directe, mais tous deux sont interchangeables. « Il y a une équité entre nos deux activités rémunératrices. Cet équilibre est une vraie force ! » Leur mère, Marie-Noëlle, est salariée à mi-temps sur la vente directe. Les 7 marchés sont concentrés du mercredi au samedi matin. Les deux associés disposent chacun de deux week-ends sur trois de libres et prennent 5 semaines de congés par an. Les travaux dans les champs sont réalisés par une ETA, afin d’éviter des pics de travail saisonniers et des investissements lourds dans le machinisme.

Pour Guillaume et Clément, la transmission de l’exploitation familiale sur plusieurs années a été un vrai plus pour la réussite de leurs projets.  « Les outils étaient amortis. Nos parents ont cédé leur part du Gaec à un « juste prix », ce qui a donné de la sérénité financière et nous a permis d’investir dès l’installation. » Après le bâtiment d’engraissement, construit il y a 18 mois, c’est désormais au tour du laboratoire de transformation d’être rénové. Il va être agrandi de 100 m2 pour tripler sa surface, notamment de stockage à froid, améliorer le confort des salariés et séparer la zone d’accès au magasin de la maison d’habitation. 150 000 euros d’investissement sont prévus. De quoi encore améliorer le cadre de travail des salariés comme des associés.

Carte d’identité

Gaec Le Verger-Tixüe

2 associés : Guillaume et Clément Trubert

7 salariés (4 ETP) dont leurs parents, Marie-Noëlle et Dominique

140 truies naisseur-engraisseur

Conduite en trois semaines

81 hectares dont 70 de cultures

30 agneaux par an en vente directe

Prendre le temps de réfléchir à son projet d’installation

S’installer en agriculture n’était pas le projet de départ de Guillaume et Clément Trubert. « Nos parents, que l’on a vu travailler dur pendant des années, ne nous ont pas poussé à reprendre l’exploitation et nous ont plutôt incité à suivre des études. » Diplômé d’un Master en Finance, Guillaume a d’abord été salarié durant 7 ans dans une banque du Finistère. « C’est la perspective de développer la vente directe face au potentiel grandissant des circuits courts qui m’a motivé à revenir sur l’exploitation. J’avais toujours eu le projet de devenir chef d’entreprise. »

 

 
La vente directe génère 40 % du chiffre d’affaires de l’élevage.
La vente directe génère 40 % du chiffre d’affaires de l’élevage. © A. Puybasset

De même, Clément, diplômé d’un BTS en management commercial, a travaillé à Bordeaux dans le secteur du BTP avant de revenir sur la ferme au moment du départ en retraite de son père en 2022, pour reprendre la responsabilité de l’atelier porcin. Chacun à leur tour, ils sont retournés sur les bancs de l’école pour obtenir un BTS Acse, en activant le dispositif de formation Fongecif. « Être exploitant demande des compétences multiples (gestion, management…), souligne Guillaume. Cela nous paraissait indispensable d’être bien formés. Cette période nous a laissé le temps de mûrir notre projet. Lors d’une reprise dans le cadre familial, il est important que le jeune s’installe avec un projet qui lui est personnel et qui peut être différent de celui de ses parents. L’agrandissement de l’exploitation est loin d’être l’unique voie à envisager. »

Une diversité de débouchés

Le Gaec Le Verger-Tixüe a diversifié ses canaux de distribution en vente directe et fournit désormais des restaurants autour de Rennes. Cela représente 15 % de l’activité en vente directe, avec les marchés (70 %) et le magasin à la ferme (15 %). La ferme met en avant sa charcuterie sans additif, sans colorant, ni conservateur. Elle a pour la seconde fois remporté une médaille au salon de l’agriculture de 2024 pour son andouille fumée à l’ancienne.

 

 
La Ferme dans le verger a pour la seconde fois remporté une médaille au Salon de l’agriculture de 2024 pour son andouille fumée à l’ancienne.
La Ferme dans le verger a pour la seconde fois remporté une médaille au Salon de l’agriculture de 2024 pour son andouille fumée à l’ancienne. © La Ferme dans le Verger

Adhérente du réseau Bienvenue à la Ferme, elle organise chaque année en juin un marché à la ferme. Elle ouvrira les portes de son élevage le 9 juin à l’occasion de la journée Tous en ferme organisée Les agriculteurs de Bretagne.

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