La farine d’insectes, une nouvelle source de protéines
La farine d’insectes peut représenter une source de protéines intéressante pour le porcelet. Un essai réalisé par l’Ifip montre qu’elle ne dégrade pas les performances zootechniques.
La farine d’insectes peut représenter une source de protéines intéressante pour le porcelet. Un essai réalisé par l’Ifip montre qu’elle ne dégrade pas les performances zootechniques.
La farine d’insectes peut représenter une source de protéines intéressante pour le porcelet.
Selon un essai d’incorporation réalisé à la station Ifip de Romillé (Ille-et-Vilaine), la farine d’insectes peut être incorporée aux aliments de post-sevrage jusqu’aux taux de 3 % dans l’aliment 1er âge et 4 % dans l’aliment 2e âge.
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Des taux plus élevés ont également été testés sans baisse d’appétence ni de croissance. Les performances zootechniques sont équivalentes entre un programme alimentaire ne contenant aucune farine d’insectes et trois autres traitements alimentaires incluant à taux croissant la farine d’insectes : 3 et 4 % en 1er et 2e âge (taux d’incorporation bas), 6 et 8 % (taux d’incorporation moyen) et 9 et 12 % (taux d’incorporation élevé).
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La vitesse de croissance et la consommation d’aliments ne sont pas modifiées, quel que soit le taux d’incorporation. L’indice de consommation est légèrement dégradé en phase de 2e âge pour les traitements moyen et élevé, ceci pouvant s’expliquer par une surestimation de la teneur en énergie de la farine d’insectes utilisée. Les mesures relatives à l’état de santé des porcelets ne montrent aucune incidence négative de l’incorporation de farine d’insectes. On observe même une amélioration de la consistance des fèces avec un taux d’incorporation élevé.
Beaucoup de protéines et de matières grasses
La farine d’insectes utilisée provient de larves de vers de farines séchées et dégraissées (Protein70). Son taux de protéines atteint 70 % pour une teneur en matières grasses résiduelles réduite à 10 %. Les valeurs nutritionnelles de cette matière première ont été déduites de données bibliographiques et de mesures in vitro. Les valeurs retenues pour les besoins de cet essai sont donc perfectibles. Il faudrait en effet caractériser précisément ces produits par des mesures de digestibilité in vivo. La teneur en énergie doit notamment être mieux précisée, afin d’éviter une légère dégradation de l’indice de consommation constatée dans cet essai en phase de 2e âge. L’état de santé n’est pas détérioré alors qu’un effet positif sur le score fécal est observé. Dans les formules, l’incorporation de farine d’insectes se fait principalement aux dépens du soja. Cependant, les prix annoncés pour ce type de matière première sont aujourd’hui trop élevés pour figurer parmi l’éventail des matières premières accessibles à notre filière.
Didier Gaudré, didier.gaudre@ifip.asso.fr
Partenaires
Ynsect (fabricant de farine d’insectes), ARC, MG2Mix, Vilofoss
Des effets zootechniques et sanitaires intéressants
Paul Barneron, ingénieur nutritionniste porc MG2Mix
« L’essai conduit à l’Ifip démontre que l’utilisation des farines d’insectes en substitution du soja est possible. L’effet positif sur la consistance des fèces suggère également que son utilisation pourrait présenter un avantage supplémentaire à prendre en compte. Des études complémentaires permettront d’affiner les valeurs nutritionnelles du produit pour valoriser au plus juste les nutriments en formulation. Malgré ces avantages, leur prix très élevé est une limite sérieuse à leur utilisation aujourd’hui, et les farines d’insectes devront gagner en compétitivité économique pour faire valoir leurs qualités dans les aliments de demain. Leur potentiel comme sources de protéines locales pour les productions animales françaises ainsi que leurs atouts pour répondre aux enjeux de décarbonation de la production porcine restent également à démontrer. »
Des besoins protéinés assurés
Il existerait 1 900 espèces d’insectes comestibles. Mais seulement quelques-unes seraient aptes à être élevées de manière industrielle. Ce sont essentiellement la Musca domestica (mouche domestique) et la Hermetia illucens (mouche « soldat noire ») qui produisent des larves dont les teneurs en protéines (de 37 à 68 %) et en matière grasse (jusqu’à 46 %) font saliver les formulateurs. Leurs profils d’acides aminés sont comparables à ceux du tourteau de soja ou de la farine de viande avec notamment des taux de lysine très élevés. Pour beaucoup de chercheurs, les insectes sont la solution pour faire face à l’augmentation des besoins protéinés dans le monde. Il leur faut 200 fois moins de surface qu’une culture d’oléagineux pour produire autant de protéines. Leur production de gaz à effet de serre (GES) est faible, de même que leur consommation d’eau, ce qui en fait une source protéique écolo-compatible. Les espèces cibles sont celles qui consomment naturellement des insectes : poissons, volailles et, bien sûr, les porcs. Des essais ont déjà été menés avec succès en poisson, à des taux compris entre 20 et 40 % de la ration, et en volaille, à 25-30 %. Avant l’essai réalisé par l’Ifip, peu de données étaient disponibles en porc. D’un point de vue réglementaire, les farines d’insectes sont autorisées dans l’alimentation des porcs depuis le 7 septembre 2021.