« Je restreins la croissance de mes cochettes Danbred pour assurer une bonne longévité »
À la SCEA Porc Lanvaux, la croissance des cochettes Danbred est bridée pour ne pas dépasser un poids vif de 160 kilos à la première insémination. L’objectif est d’assurer une bonne longévité du troupeau en évitant les gros gabarits.
À la SCEA Porc Lanvaux, la croissance des cochettes Danbred est bridée pour ne pas dépasser un poids vif de 160 kilos à la première insémination. L’objectif est d’assurer une bonne longévité du troupeau en évitant les gros gabarits.
Les performances de productivité des truies du naissage associatif Porc Lanvaux à Saint-Guyomard (Morbihan) reflètent pleinement le potentiel de la génétique femelle Danbred, avec 19,21 porcelets nés totaux et 16,11 sevrés par portée et un taux de fécondité de 95 %, pour une productivité annuelle de 39,06 porcelets par truie.
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Et malgré ces chiffres élevés, les 1 800 truies de l’élevage dirigé par Stéphane Monfort produisent en moyenne 4,7 portées avant d’être réformées. La part des truies ayant six portées et plus dans le troupeau est de 16 %, un chiffre inférieur à la préconisation Danbred qui fixe une limite maximale à 20 %.
Pour arriver à ce résultat, le chef d’élevage a mis en place une gestion alimentaire des cochettes qui limite son développement corporel dès leur arrivée en quarantaine jusqu’à leur insémination. L’objectif est de limiter le gabarit des truies au stade adulte. « Sur la base de notre réseau de résultats issus de plus de quarante élevages, nous préconisons un poids de 150 à 155 kilos à l’IA pour 35 à 37 semaines d’âge », explique Loïc Havez, responsable génétique Danbred France.
Restriction alimentaire en quarantaine
Pour des bandes de 75 mises bas par semaine, Stéphane Monfort prévoit un renouvellement de 16 cochettes, soit 20 % des effectifs de la bande. Les jeunes reproductrices produites au Danemark arrivent sur l’élevage à un âge compris entre 24 et 25 semaines. « Dès leur arrivée, elles sont logées quinze jours dans un bâtiment confortable sur paille où elles reçoivent un aliment de type “verraterie” riche en lysine et en énergie, à raison de 2,1 kilos par jour », explique le chef d’élevage.
La phase de quarantaine se poursuit pendant six à sept semaines dans une salle d’apprentissage aux Dacs, le système d’alimentation utilisé pour les truies gestantes. « Durant cette période, la phase de restriction alimentaire continue à 2,1 kilos par jour, mais avec un aliment de type gestante pauvre en lysine et en énergie, et enrichi en vitamines et oligo-éléments. »
Durant la phase de synchronisation des chaleurs qui suit, le plafond d’alimentation est maintenu à 2,1 kilos par jour pendant huit jours, pour enfin remonter à 3,2 kilos les dix jours suivants, afin de bien préparer les jeunes reproductrices aux venues en chaleur. Ce plan d’alimentation particulièrement restreint aboutit à des valeurs d’épaisseur de lard dorsal (ELD) inédites pour des cochettes prêtes à être inséminées. « Elles se situent à 10 mm, pour un poids moyen de 154 kilos », constate Loïc Havez. Selon Stéphane Monfort, un ajustement reste à faire, pour gagner entre 2 et 3 mm d’ELD et réduire le poids des cochettes de 5 kilos. Pour cela, il compte modifier les valeurs nutritionnelles de l’aliment des cochettes en augmentant sa valeur énergétique et en diminuant le taux de lysine.
13 mm d’ELD à l’entrée en maternité
Le régime allégé des cochettes se poursuit durant leur première gestation, avec des niveaux d’alimentation plus classiques, compris entre 2,5 et 3 kilos par jour d’un aliment gestante. Leur poids moyen à l’entrée en maternité est de 230 kilos, pour des ELD de 13 mm en moyenne. « Nous sommes dans la moyenne des résultats Danbred en France – 225 kilos à la mise bas et 12,9 mm d’ELD –, souligne Loïc Havez. Mais malgré cet état d’engraissement peu important, la capacité d’ingestion des truies Danbred leur permet de sevrer un nombre important de porcelets dès la première portée. »
À la SCEA Porc Lanvaux, les cochettes ont produit 20,2 porcelets nés totaux, 18,1 nés vivants par portée et 14,77 sevrés par portée. Le « syndrome de la seconde portée » est ici inexistant, puisque le taux de fécondité qui suit le premier sevrage est de 94 % et que la prolificité en seconde lactation atteint 19,6 nés totaux et 19 nés vivants par portée.
Repères
Les recommandations Danbred France :
« Réduire l'âge de la première IA »
Selon Loïc Havez, une analyse approfondie des résultats de GTTT d’utilisateurs de la truie Danbred atteste de l’intérêt de réduire la croissance corporelle des cochettes.
Pour le responsable génétique de Danbred en France, l’optimisation de la longévité des troupeaux de truies est un axe de travail essentiel qui doit accompagner l’hyperprolificité des truies danoises afin de limiter les réformes précoces et le taux de mortalité du cheptel reproducteur. Sur la base de 300 GTTT collectées auprès de ses clients, il a constaté que l’âge à la première mise bas des truies dans les élevages de plus de 600 truies est inférieur de douze jours à celui des élevages de moins de 300 truies (380 jours contre 392 jours). Ces grands élevages sèvrent 0,4 porcelet de plus par portée et le taux de pertes est de 7,8 %, contre 9 % pour les moins de 300 truies.
Même tendance pour les élevages qui achètent leurs cochettes et qui les inséminent huit jours plus jeunes que ceux qui pratiquent l’autorenouvellement. « Ces derniers ont tendance à inséminer plus âgé et plus lourd, mais le taux de pertes de truies est plus élevé et les réformes sont plus précoces », constate Loïc Havez. Selon des résultats plus globaux publiés par Danbred, les cochettes dont l’âge à la première mise bas est inférieur à 370 jours produisent 5,4 portées avant d’être réformées, contre 4,5 pour celles qui ont mis bas à plus de 390 jours. « L’analyse des résultats par rang de portée démontre également que les truies plus âgées et donc plus grosses ont tendance à produire des porcelets plus légers, sans doute à cause de besoins d’entretien plus élevés. »
Ce point soulève l’importance de l’ajustement du nombre de porcelets sous les truies selon leur potentiel et leur environnement. « Des animaux affaiblis au sevrage auront une réforme prématurée », souligne le technicien, qui insiste également sur le rôle essentiel du travail sur le morphotype des animaux. « La “solidité” des animaux est une qualité anatomique et morphologique caractérisée par une bonne héritabilité. Il est important d’apporter une grande vigilance sur la qualité des aplombs et l’épaisseur de la ligne de dos. Ce travail d’évaluation du phénotype doit être objectif. Il est réalisé par des grilles de notation afin d’être intégré dans les index d’évaluation génétique. »