« Je cherche à optimiser toutes mes ressources pour mon élevage naisseur engraisseur de 145 truies»
Boris Mousset s’est installé en 2015 sur l’exploitation familiale de 145 truies naisseur-engraisseur. L’acquisition de surfaces agricoles lui a permis d’atteindre l’autonomie alimentaire pour ses animaux.
Boris Mousset s’est installé en 2015 sur l’exploitation familiale de 145 truies naisseur-engraisseur. L’acquisition de surfaces agricoles lui a permis d’atteindre l’autonomie alimentaire pour ses animaux.
À la tête d’un élevage de 145 truies naisseur-engraisseur et de 175 hectares de SAU, Boris Mousset, jeune éleveur à La Mesnière dans l’Orne, recherche avant tout à consolider son modèle de production plutôt que de chercher à s’agrandir.
Lire aussi : « Nos ateliers porc et bovin sont complémentaires »
« Avec l’acquisition de surfaces agricoles lors de mon installation sur l’exploitation de mes parents, j’ai renforcé le lien au sol de mon élevage de porc, explique-t-il. Le ratio une truie pour un hectare me permet de valoriser tous les effluents de l’élevage sur mes terres et d’utiliser un maximum de mes récoltes pour l’alimentation de mes porcs. »
Lire aussi : « Mon atelier porcin d'engraissement est en synergie avec mes cultures »
Avec sa fabrique d’aliments à la ferme, il valorise toutes les matières premières cultivées sur ses parcelles, excepté le colza : blé, maïs et orge, mais aussi du pois et même de la luzerne qu’il stocke enrubannée et distribue aux truies et aux porcs charcutiers en complément de leur ration. À terme, l’objectif est d’incorporer ce fourrage dans les formules d’aliments. « Je valorise ainsi mes surfaces fourragères et j’améliore l’autonomie de mon exploitation en réduisant les achats de tourteaux », calcule l’éleveur, par ailleurs adepte de l’agroécologie pour réduire le coût des cultures. « L’objectif de cette approche est de maintenir une couverture permanente du sol, de réduire le temps de travail par le non-labour par exemple, de faire des rotations longues et d’associer des cultures complémentaires », précise-t-il. L’association de la luzerne et du colza améliore ainsi le rendement de la culture de cette dernière et réduit les intrants.
De bonnes conditions de travail
L’optimisation du travail et la prise en compte des conditions de travail sont également des objectifs majeurs de Boris Mousset : « J’ai été salarié pendant dix ans, je suis exigeant sur la qualité de vie de tous ceux qui travaillent sur mon exploitation. »
L’atelier naissage conduit en quatre bandes de 30 truies à la mise bas est géré par Stella Medina, une salariée spécialisée qui s’est formée après ses études sur l’exploitation alors tenue par les parents de Boris. « J’apprécie d’organiser mon travail à ma guise sans la contrainte d’une équipe », explique-t-elle. « Stella a également son mot à dire sur les décisions à prendre concernant l’élevage et, notamment, les investissements à faire pour réduire la pénibilité et le temps de travail, ajoute l’éleveur. Nous avons ainsi installé une bascule en sortie de maternité pour faciliter la vaccination des porcelets au moment du sevrage qui constitue une période chargée en conduite quatre bandes. »
Un second salarié est affecté aux cultures et à la gestion des effluents de l’élevage. « La spécialisation de la main-d’œuvre est essentielle dans ce modèle de production afin d’obtenir de bonnes performances techniques, analyse Boris Mousset. Et en même temps, des remplacements sont possibles pendant les congés ou les week-ends. » Stella est de garde un week-end sur deux. Boris s’octroie trois semaines de congé par an.
Des investissements raisonnés
Malgré sa volonté de ne pas faire grossir son cheptel truies, Boris est dans l’obligation de construire de nouvelles places d’engraissement pour suivre l’augmentation de la productivité de ses truies et éviter d’avoir recours au façonnage. En 2021, en pleine pandémie de Covid, il a tranquillement mûri un projet de création d’un bâtiment de 450 places. Il a pour cela choisi un système de trieur couplé à un système de pesée optique (Hoscher + Leuschner). Les cochons sont logés dans une case unique sur paille. Ils doivent passer par le trieur pour accéder aux nourrisseurs. « Ce système limite la charge de travail grâce au triage automatique des animaux pour les départs », explique l’éleveur.
L’évaluation quotidienne du poids des porcs permet un suivi à distance des croissances sur son smartphone ou un ordinateur. « Et surtout, l’investissement est limité par rapport à un bâtiment conventionnel sur caillebotis, tout en permettant des performances techniques correctes », complète-t-il.
Dans le même temps, il a fait le choix de rénover ses maternités en installant des cases ascenseur dans le bâtiment existant bien isolé et ventilé, au lieu de construire un bâtiment neuf avec des cases liberté. « Le choix de limiter mes investissements tout en veillant à progresser sur les critères techniques contribue à garantir l’autonomie de mon exploitation », résume-t-il.
D’autres projets sont en réflexion, afin de maintenir la compétitivité de l’élevage : généralisation de l’alimentation soupe pour augmenter l’utilisation du maïs humide, délocalisation de l’ensemble des places d’engraissement vers un second site plus éloigné du voisinage, diversification des activités pour valoriser ses ressources (méthanisation)…
Par ailleurs, Boris est ouvert à toute proposition permettant de valoriser sa production par le biais de plus-values à la vente. Il est déjà engagé dans des démarches avec le mâle entier et de la graine de lin dans l’alimentation des porcs charcutiers. « Mais je veux maintenir ma liberté de choisir mes orientations techniques et mes fournisseurs », conclut-il.
Deux groupes de travail pour progresser
Boris Mousset est le président de l’association CCC (Club des cochonniers qui cogitent). Ses membres se retrouvent régulièrement, indépendamment de toute structure professionnelle. Une fois par an, ils sollicitent l’Ifip pour présenter et analyser leurs résultats techniques et technico-économiques (voir Réussir Porc octobre 2020, page 20). Boris Mousset fait également partie d’un groupe d’agriculteurs qui échangent sur leurs pratiques culturales.