En FAF aussi, on peut baisser la protéine des aliments
Selon des essais des chambres d’agriculture de Bretagne, des aliments d’engraissement à bas taux protéique fabriqués à la ferme permettent de bonnes performances technico-économiques, tout en réduisant les rejets.
Selon des essais des chambres d’agriculture de Bretagne, des aliments d’engraissement à bas taux protéique fabriqués à la ferme permettent de bonnes performances technico-économiques, tout en réduisant les rejets.
Profitant de la sortie de la nouvelle version du logiciel Porfal présentée par Laurent Alibert, nutritionniste Ifip, à la journée Airfaf Bretagne en décembre dernier, l’accent tout au long de la journée a été mis sur la baisse de la consommation de protéine. Cette baisse est permise par l’usage d’acides aminés de synthèse, soit que l’éleveur incorpore lui-même si son équipement le permet, soit que son fournisseur de minéraux lui aura préparé à la carte. Le taux de protéine n’a aucune valeur en soi. Des essais réalisés à la station régionale porcine de Crécom le prouvent. Avec un régime aux aliments moins riches de 10 % en matière azotée totale (MAT) en croissance et en finition que des aliments classiques, les performances sont identiques avec une moindre consommation de nutriments et à moindre coût (moins 1 à 3 %). Et cerise sur le gâteau, avec une réduction notable des rejets !
Moins de nutriments consommés et moins d’azote excrété
D’autres essais menés à Crécom confirment que le recours à une alimentation multiphase avec des aliments aux taux de MAT réduits permet de consommer moins de nutriments (- 16 % de lysine), de MAT (-13 %), et réduit les excrétions azotées de l’ordre de 14 %. Ceci avec une excellente répétabilité entre bandes. Le porc étant un monogastrique, le concept de protéine idéale s’obtient par l’ajout d’acides aminés de synthèse après combinaison des différentes matières premières. Il s’agit de concevoir des aliments aux teneurs protéiques proches de la carcasse du porc. Ce qui est consommé est déposé, du moins la part digestible, d’où la notion d’acides aminés digestibles. Il ne faut ni carence ni excès de l’un ou l’autre des acides aminés, tous apportés en proportion de la lysine digestible qui est l’acide aminé le plus limitant. Une carence ne permettra pas d’atteindre la performance souhaitée, un excès alimentera la flore pathogène, d’où des troubles sanitaires potentiels.
La valeur alimentaire d’un aliment ne peut donc être jugée sur son étiquette, celle-ci n’indiquant que la MAT et la lysine totale. Savoir formuler ses aliments, ou à minima analyser les différents critères de ces formules, permet aux éleveurs d’être actifs dans leurs choix sur un poste qui constitue plus de 60 % du prix de revient du porc. D’autant que si les performances zootechniques dépendent de la formulation, il en va de même pour le coût alimentaire et le niveau de rejets.
herve.roy@bretagne.chambagri.fr