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Dans l’Indre, la nouvelle génération d’éleveurs de porcs passe au 100 % bio

Dans la famille Van Remoortere, la nouvelle génération d’éleveurs s’oriente délibérément vers l’élevage bio. Ils ont pris la suite de leurs parents qui avaient fait le choix de faire cohabiter le porc conventionnel et le bio sur leur exploitation dans un souci de diversification.

À 33 ans, Baptiste Van Remoortere est arrivé sur l’exploitation familiale de la SCEA Bio Duo, à Reboursin, dans l’Indre, en septembre 2018 pour développer l’élevage de porcs bio déjà existant. « Je me suis installé par intérêt pour l’élevage en plein air et par conviction pour le bio, qui garantit aux animaux des conditions d’élevage dans lesquelles ils peuvent exprimer leurs comportements. » Un positionnement qu’il ne met absolument pas en opposition avec l’élevage conventionnel. Au contraire, les deux productions ont longtemps cohabité sur l’exploitation familiale. L’élevage bio avait été créé en 1999 par ses parents, Nadine et Éric Van Remoortere, avec 60 truies en plein air. Installés à Reboursin depuis 1982 en association avec un autre membre de la famille, ils exploitaient déjà un élevage conventionnel de 150 truies naisseur engraisseur, qu’ils ont arrêté en 2019. « L’élevage bio n’était pas une conversion, mais une diversification, explique Éric Van Remoortere. Nous sommes partis du principe qu’il existe plusieurs manières de produire du porc, en bonne intelligence et en fonction des attentes des consommateurs. Chaque mode de production possède ses avantages et ses inconvénients. Le bio se justifie aussi bien que le porc conventionnel. Cette diversité des modes de production doit être considérée comme une richesse pour la filière. »

Des truies en plein air

L’arrêt de la production conventionnelle et l’arrivée de Baptiste ont permis d’augmenter la taille de l’atelier bio. Aujourd’hui, l’élevage est composé de 120 truies de génétique Danbred gérées en huit bandes de 12 truies à la mise bas. L’objectif est d’engraisser 120 porcelets par bande. Les truies sont logées en plein air sur des terres sableuses, idéales pour ce type de production. Les parcs sont arborés avec des variétés résistantes (acacia, chêne) et à croissance rapide (sureau). « Le site est magnifique. C’est un plaisir de venir y travailler », exprime Baptiste Van Remoortere. Après le sevrage, les truies séjournent temporairement dans des cases paillées sous un hangar pour y être inséminées, jusqu’à l’échographie de contrôle de gestation.

Les porcelets et les porcs charcutiers issus d’un croisement danbred x piétrain PIC sont engraissés dans deux bâtiments sur paille. Chaque lot de 120 porcelets est logé dans une grande case unique. Ce sont d’anciens bâtiments conventionnels auxquels les éleveurs ont ajouté une courette extérieure partiellement couverte pour répondre au cahier des charges bio. Les animaux sont alimentés à sec au nourrisseur. Ils sont abattus à un âge moyen de 27-28 semaines, à un poids froid de 95 kilos. « Nous avons signé un contrat avec un opérateur breton qui nous garantit un prix de vente pendant sept ans », explique Baptiste Van Remoortere. Une garantie qui ne leur dispense pas de viser de bonnes performances techniques, puisque les porcs sont payés selon une grille de poids et de TMP. L’atelier porc occupe l’équivalent de deux UTH à temps plein. Au total, l’exploitation fait vivre six personnes. Outre Baptiste, ses parents et son oncle, Julien, le frère de Baptiste, était déjà installé depuis 2007 dans le département voisin du Cher. Il gère essentiellement les 465 hectares de cultures de l’exploitation, dont 75 hectares en 2e année de conversion C2 (1) sur lesquels sont cultivés du maïs, du triticale et des féveroles. « Toutes les terres ne se prêtent pas au bio, expliquent Baptiste. Par ailleurs, il faut un minimum de surveillance. Certaines de nos parcelles sont trop éloignées géographiquement pour être converties. » Les cultures biologiques sont valorisées par l’élevage de porc bio grâce à la fabrique d’aliment qui servait jusqu’alors à l’élevage conventionnel. Les éleveurs fabriquent l’aliment d’engraissement. Les aliments pour les truies et les porcelets sont achetés.

Démarrage d’un atelier de transformation

Un troisième frère, Florent, s’est aussi installé en septembre 2018. Fort de sa double formation de boucher et de charcutier, il gère un petit atelier de découpe et de transformation récemment monté à l’entrée de l’exploitation, et la vente des produits aux particuliers. La vente directe constitue l’un des axes de développement probable de l’exploitation. « Manger local, connaître l’origine des produits, réduire l’impact environnemental sont des arguments forts pour les consommateurs », explique-t-il. Pour l’instant, l’activité se limite à la vente de caissettes à emporter sur place. Un site internet et une page Facebook assurent la promotion et le lien avec les clients (2). Florent envisage rapidement de se déplacer sur les marchés locaux pour vendre ses produits au détail. Le label certifié agriculture biologique lui permet de générer un chiffre d’affaires jusqu’à 1 000 euros par carcasse, valorisée en viande fraîche, charcuteries et conserves.

Baptiste envisage également de développer un volet social sur la ferme, avec l’organisation de visites et de découverte de l’élevage. « Le cadre de l’exploitation s’y prête. » La diversification des activités passe aussi par la production d’énergie, avec la mise en place récente de panneaux photovoltaïques sur un hangar, et un projet de méthanisation collective avec neuf exploitations voisines.

 

"La diversité des modes de production doit être considérée comme une richesse pour la filière"

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