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Rustiques et performantes

Les races ovines du Massif central allient rusticité, qualités maternelles et capacité à désaisonner.

Parmi les races ovines allaitantes, les races rustiques du Massif central gérées par ROM (Races ovines des massifs) Sélection possèdent des qualités spécifiques car elles ont été forgées par des siècles d’adaptation à leurs conditions naturelles et des décennies d’une sélection rigoureuse.

La notion de rusticité, que l’on pourrait assimiler à de la résistance, signifie la capacité à produire de la viande dans des zones difficiles, comme les zones de montagne ou celles où l’alimentation est parfois un peu défaillante mais aussi de traverser sans trop d’encombre des périodes plus compliquées, sévère sécheresse estivale ou hivers rigoureux. Ainsi, les animaux peuvent puiser dans leurs réserves corporelles, maigrir puis reprendre des formes dès que l’alimentation s’améliore. C’est ce que l’on appelle des « races accordéon ».

Des agneaux toute l’année, naturellement

Outre la rusticité, les races ROM disposent également de qualités maternelles intéressantes. Les agnelages sont le plus souvent faciles, sans assistance, un point important pour des troupeaux de taille conséquente (la moyenne des troupeaux est de 350-400 brebis). Les femelles ont la capacité d’être naturellement en chaleur pendant toute l’année. Cette aptitude au désaisonnement permet aux éleveurs de choisir facilement la période d’agnelage, en saison ou en contre-saison et même d’accélérer les agnelages avec un système de trois agnelages en deux ans.

Des races prolifiques et productives

La prolificité varie selon les races de 1,4 à 2 agneaux par brebis et par agnelage. Deux races, la Noire du Velay et la Grivette peuvent dépasser les 2 de prolificité du fait d’un gène d’hyper prolificité identifié par l’Inra.

L’accélération des agnelages permet en outre d’augmenter la productivité pour atteindre pour certaines races 2,5 agneaux par an. Les agnelles peuvent être luttées jeunes, de 7 à 8 mois dans certains systèmes mais le plus souvent vers 10-12 mois. L’âge moyen de réforme pour cause de vieillesse se situe aux alentours de 8-10 ans selon les races. Il n’est pas rare de trouver des brebis qui ont jusqu’à 15-20 agneaux durant leur carrière, voire plus. Le record est détenu par une brebis ayant eu 44 agneaux nés en 11 ans !

Les agneaux ont une croissance intéressante. Ainsi, Michel Pocachard, responsable ovin à la chambre d’agriculture du Rhône et animateur de la race Grivette, souligne : « le PAT 30 en mâle élevé double peut atteindre près de 12 kg pour les races les plus rustiques comme la Bizet, la Noire du Velay, la Rava ou la Limousine. Mais il grimpe parfois au-delà de 13 kg pour la Grivette et la Blanche du Massif central ».

Utilisation en pure ou en croisement

Pour produire des agneaux suffisamment conformés, les brebis des races rustiques du Massif central sont utilisées soit en race pure pour la Blanche du Massif central (BMC) qui a travaillé sur les aspects de conformation, soit en croisement simple comme la Noire du Velay ou la Bizet croisée avec des béliers Charollais. La Grivette, la Rava et la Limousine fonctionnent quant à elles sur un schéma à double étage : les agnelles F1 issues d’un premier croisement améliorateur sont remises en lutte avec un bélier viande pour aboutir à un agneau F2 avec une excellente conformation.

Les agneaux sont abattus à l’âge de 105-110 jours en BMC pur et les agneaux croisés des autres races vers 120-125 jours. Le rendement carcasse varie de 45 à 50 % selon le type d’agneaux. La filière apprécie ces carcasses qui correspondent à ses attentes. « Les agneaux sont valorisés dans des filières spécifiques comme la marque Elovel réservée aux agneaux Blanche du Massif central en pure race et l’agneau Noire du Velay pour ceux de cette race ou dans des filières de qualité comme le label rouge agneau des pays d’Oc par exemple », indique Jérôme Gueux, directeur de ROM Sélection.

Un schéma de sélection complet qui séduit hors berceau

Le pôle génétique de Paysat-Bas, à proximité de Langeac en Haute-Loire, et la station de contrôle individuelle d’Antrenas en Lozère accueillent chaque année environ 800 béliers en centre d’élevage et en station de contrôle individuel. De plus, pour la race Grivette qui est excentrée, environ 70 béliers sont évalués à Sainte-Consorce dans le Rhône. « Les jeunes béliers rentrent à l’âge de trois mois dans nos bâtiments après un tri en ferme effectué par les techniciens de chaque race. Les meilleurs béliers sont vendus lors de ventes collectives dans les stations à l’âge de 8-10 mois », explique Lionel Boyer, le responsable de la station de Paysat-Bas.

En sortie de station de contrôle individuelle, les meilleurs béliers sont préemptés par le centre d’insémination animale de Paysat pour être testés sur la transmission de leurs qualités bouchères et maternelles à leur descendance. Le testage boucher est réalisé sur le troupeau de Fedatest. La transmission des qualités maternelles est mesurée chez les sélectionneurs, à travers les inséminations de testage.

Les six races ovines ROM Sélection trouvent leurs racines dans les plateaux montagneux du Massif central, à l’Ouest humide de la région pour la Limousine et la Rava et dans les zones plus sèches pour la Bizet, la Blanche du Massif central, la Grivette et la Noire du Velay.

Depuis de nombreuses années, ces races ont essaimé hors de leur berceau, dans tout le Sud de la France et dans le Massif des Vosges et dans l’Ouest de la France. Certaines ont même été récemment exportées en Europe (Belgique, Suisse, Roumanie, Pologne, Hongrie) et en Iran.

« Des races adaptées aux conditions difficiles »

« Quand mon oncle a commencé l’élevage ovin, il a choisi la Noire du Velay car c’était une race locale avec des qualités maternelles reconnues. Ce sont de bonnes marcheuses, agiles, légères et avec des pattes fines, bien adaptées aux terrains accidentés difficiles d’accès. Elles valorisent ainsi les landes et les parcours accidentés et embroussaillés quand d’autres races herbagères ne se limitent qu’à l’herbe. Ainsi, quand il y a des béliers charolais avec le troupeau, celui-ci s’arrête à l’entrée de la pâture alors que les brebis explorent toute la parcelle. Il est possible d’intensifier la production, même avec des races rustiques. Ici, nous avons trois agnelages en deux ans. Les brebis reviennent vite en chaleur sans stimulation hormonale, et cela permet de produire jusqu’à 30 kilos d’agneau par brebis et par an. La moindre conformation bouchère des agneaux peut être compensée par des croisements avec des béliers de races lourdes comme le Charollais ou le Berrichon. Les agneaux profitent ainsi des qualités maternelles des mères et des qualités bouchères des pères. »

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