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Les colliers connectés pour mieux connaître ses brebis

Pouvoir être à la fois sur son exploitation et garder un œil sur son troupeau au pâturage est sans doute le rêve de bien des éleveurs. Les colliers équipés de balise GPS deviennent des outils d’aide au quotidien qui permettent de géolocaliser les brebis. D’autres innovations permettent de mieux appréhender le comportement des brebis, mais aussi des chiens de protection en système pastoral. Ces outils, pour la plupart encore en phase de test, sont faciles d’utilisation et accessibles sur smartphone, ordinateur et tablette. Le pastoralisme connecté optimise l’utilisation des parcours et tranquillise les éleveurs.

Depuis plusieurs années, certains éleveurs utilisent des GPS pour localiser leurs brebis au pâturage. Des pratiques qui les aident au quotidien, principalement pour leur faire gagner du temps, pouvoir s’absenter quelques heures de la garde et retrouver facilement leur troupeau et pouvoir toujours connaître sa position récente. D’autres utilisations des données voient aussi le jour, comme l’optimisation de l’utilisation de la surface pastorale en visualisant les endroits plus ou moins fréquentés. À partir de cette utilisation de balises GPS déjà connues des éleveurs, le projet CLOChèTE, porté par l’Institut de l’Élevage et plusieurs partenaires des domaines du pastoralisme et des nouvelles technologies, a vu plus loin en proposant une innovation complémentaire de la géolocalisation. « Nous nous sommes rapidement orientés sur l’ajout d’un accéléromètre qui permettra de connaître plus finement le comportement des brebis sur les parcours », explique Pierre-Guillaume Grisot. Coordinateur du projet à l’Institut de l’Élevage, lui et son équipe ont alors réalisé des observations de terrain en suivant pendant plusieurs jours des brebis et chèvres en notant leurs différents comportements. Un algorithme a ensuite permis de relier les observations avec les enregistrements des accéléromètres. « Pour améliorer la fiabilité des résultats obtenus, nous les avons regroupé en quatre catégories : immobile, rumine, pâture et se déplace », développe Pierre-Guillaume Grisot. Le projet CLOChèTE, qui s’est terminé en décembre dernier, a duré quatre ans et 24 éleveurs de l’Aude, des Pyrénées-Atlantiques, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence ont intégré la démarche. Parmi eux, sept sont éleveurs de brebis laitières et huit de brebis allaitantes. Du projet résultent notamment des cahiers des charges techniques et fonctionnels qui reprennent les besoins identifiés dans ces entretiens et les possibilités après les tests des balises.

Trois niveaux pour une utilisation simplifiée

« La balise combinant GPS et accéléromètre se doit d’être simple d’utilisation et, après entretien avec les éleveurs, nous avons défini trois niveaux de paramétrages selon les attentes », détaille le chef de projet d’Idele. Le mode « localisation » transmet la position de l’animal toutes les quatre heures, ce mode est le plus économe en batterie. Le mode « complet » localise la brebis toutes les cinq minutes ainsi que les données de l’accéléromètre et permet de caractériser le comportement au cours de la journée. Le projet prévoit enfin un mode « intermédiaire », qui enregistre la position toutes les demi-heures ainsi que l’activité de l’accéléromètre.

Faciliter la surveillance des brebis au pâturage

Pour les éleveurs, l’intérêt de l’accéléromètre se traduit principalement par la surveillance du bon comportement des brebis au pâturage et pendant les phases de repos. « Pour des petits ruminants, on s’attend généralement à une répartition des phases de repos, d’ingestion et de rumination à un tiers de la journée chacune », précise Pierre-Guillaume Grisot. S’il y a un déséquilibre dans ce partage du temps, l’éleveur pourra vérifier si la ressource herbagère est suffisante ou s’il y a une source de stress qui font se déplacer les brebis trop souvent. La combinaison du GPS et de l’accéléromètre permet aussi de distinguer des zones de fort passage des brebis, voire de surpâturage et à l’inverse, des zones trop délaissées. L’éleveur peut ainsi prévoir son calendrier pastoral en fonction de ses observations comportementales.

Côté Web

Le site du projet CLOChèTE qui étudie les capteurs embarqués au service des élevages pastoraux est sur clochete.idele.fr. Un texte des 3R présente les avis d’éleveurs sur journees3r.fr/spip.php?article4631. Des vidéos intéressantes sont à visionner sur vimeo.com/498267100 et youtu.be/uL1CNuFMQFM.

Bien choisir les brebis à équiper

Montpellier Supagro a participé au projet CLOChèTE en étudiant les relations sociales entre les brebis au sein du troupeau. Objectif : identifier les brebis à équiper pour avoir la meilleure représentation de la localisation du troupeau. Avec des suivis des individus par capteurs et des observations in situ, les chercheurs de Supagro ont défini quatre profils : les dominants, qui se donnent priorité pour la végétation appétence par exemple, les explorateurs, qui vont facilement aller devant le troupeau pour découvrir une nouvelle zone, les leaders, qui guident et rythment les moments de vie du troupeau et les familiers, les individus qui viennent en premier à la rencontre de l’éleveur ou le suivent (à ne pas confondre avec les leaders). Montpellier Supagro recommande d’équiper les brebis identifiées par l’éleveur comme étant des exploratrices et des leaders. Il n’y a cependant pas de recommandations sur le nombre de brebis à équiper par troupeau. Cela est dépendant de nombreux facteurs, comme la taille du troupeau, la race, la topographie, etc.

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