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Les AOP laitières face à de nombreux défis

Entre hausse des matières premières, sécheresse et inquiétudes sur le pouvoir d’achat, le moral des AOP laitières n’était pas au beau fixe à l’assemblée générale du Cnaol.

La question de la valeur est centrale pour les AOP. Sa répartition et la transparence de la part de tous les acteurs ne sont pas toujours évidentes et ont été longuement discutées lors de l'assemblée générale des appellations dans le Jura.
La question de la valeur est centrale pour les AOP. Sa répartition et la transparence de la part de tous les acteurs ne sont pas toujours évidentes et ont été longuement discutées lors de l'assemblée générale des appellations dans le Jura.
© V. Hervé-Quartier

Les cinquante et une AOP laitières françaises se sont réunies pour leur assemblée générale annuelle à Labergement-Sainte-Marie (Doubs). Accueillies par les AOP Morbier et Mont d’or, elles ont débattu de la valorisation économique des appellations d’origine.

La question de la valeur est centrale pour les AOP. Sa répartition et la transparence de la part de tous les acteurs ne sont pas toujours évidentes. Les éleveurs étant souvent encouragés à détailler leurs coûts de production, ceux des transformateurs et distributeurs, eux, le sont rarement, créant un déséquilibre dans les relations. « Économie et rémunération sont des sujets tabous dans nos métiers. Nous devons permettre à chacun de vivre de son travail. C’est le plus difficile, car cela ne se décrète pas ! » a rappelé Hubert Dubien, le président du Cnaol.

Inquiétudes sur la consommation

« Il y a en France une vraie dynamique des AOP en volume et en valeur, a présenté en introduction Jean-Marc Chaumet de l’interprofession laitière. 25 % des fromages produits en France sont sous AOP et représentent un tiers du chiffre d’affaires fromager ! Près de 90 % des éleveurs de brebis produisent pour au moins une AOP et 40 % du lait est valorisé en AOP. »

Hubert Dubien a également rappelé l’équilibre fragilisé des filières AOP à court et moyen terme : « Entre pression du foncier, renouvellement des générations, difficultés à recruter, sécheresse et bouleversements climatiques, les défis se multiplient ». Malgré la notoriété en progression du logo AOP, le président du Cnaol s’inquiète des conséquences de l’inflation sur le pouvoir d’achat et la consommation. Les premières tendances de l’année montrent une consommation en léger retrait. Les produits d’appellation étant avant tout des produits « plaisir » et plus haut de gamme, ils pourraient être particulièrement touchés.

Définir des indicateurs économiques

Le projet AOP laitière durable dévoilé en 2021 se déploie progressivement. « L’objectif est de finaliser les indicateurs de suivi au niveau du Cnaol, pour ensuite mener le travail de réouverture et modification des cahiers des charges, en lien avec l’Inao, pour 2030 », a indiqué le président.

Le loup, menace pour le pâturage

Plusieurs sujets d’actualité ont également été abordés, notamment l’attente du décret sur la mention « fermier » permettant de sécuriser le cadre des produits transformés à la ferme et affinés à l’extérieur. La présence de plus en plus forte du loup a également été évoquée, car elle remet en cause pastoralisme et pâturage.

Parmi tous ces défis, Hubert Dubien a tenu à conclure sur une note positive : « Je suis confiant. Nous avons toujours su nous adapter, et le consommateur est notre principal allié. Nous lui offrons ce que nos terroirs ont de meilleur : le bon, le goût, l’authenticité. »

Nutri-Score : exemption pour les AOP

« Le Nutri-Score n’est pas compatible avec nos AOP, nous demandons une exemption », a rappelé le président du Cnaol, Hubert Dubien, dans son discours. Plusieurs actions ont eu lieu aux niveaux national et européen dans ce sens, et tout récemment, l’autorité italienne de la concurrence s’est prononcée contre.

Fiscalité et restauration collectives menacées

Sébastien Vignette, secrétaire général à la Confédération de Roquefort, à la pointe sur ce sujet, est intervenu pour rappeler que le Nutri-Score « malmène de façon injuste l’image de nos produits. Au-delà de l’étiquetage, c’est la fiscalité et notre place en restauration collective qui pourraient être impactées. Et le ripolinage de l’algorithme présenté il y a quelques semaines est insatisfaisant, avec des gains limités, voire une régression pour certains fromages. Ce système ne prend pas en compte les additifs, les acides gras saturés, les micronutriments d’intérêt, le degré de transformation, et n’éduque pas à la portion ! » Il a appelé à l’unité et aux actions collectives sur ce sujet.

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