En Europe, ils partagent leurs astuces
Le réseau européen Sheepnet favorise les rencontres et les échanges entre professionnels de l’élevage ovin et apporte des solutions à la productivité numérique.
Le réseau européen Sheepnet favorise les rencontres et les échanges entre professionnels de l’élevage ovin et apporte des solutions à la productivité numérique.
Écouter, discuter, comprendre l’autre, ses techniques, sa culture, son rapport à l’élevage. Cette ouverture aux pratiques internationales en élevage ovin est le fer de lance du réseau Sheepnet. Créé en 2016 et piloté par l’Institut de l’élevage, ce projet financé par l’Union européenne se déroule sur trois ans et a pour objectif premier de créer une dynamique d’échanges entre les pays européens producteurs d’ovins sur leurs pratiques en élevage. À l’origine de Sheepnet, le réseau français Robustagno, qui regroupe éleveurs, techniciens et scientifiques avec pour objectif la réduction de la mortalité des agneaux. Au cours de la création de ce réseau ovin, Jean-Marc Gautier, chef de service capteurs, équipements et bâtiments à l’Institut de l’Élevage, a rencontré des scientifiques intéressés par cette problématique en France et dans les pays européens. De là est né le réseau Sheepnet, qui fédère onze institutions, siégeant en France et dans cinq autres pays européens (Italie, Irlande, Espagne, Roumanie, Écosse et Turquie). Il s’agit principalement d’universités ou d’instituts de recherches appliquées tels que l’Institut de l’élevage, l’Inra, l’École nationale vétérinaire de Toulouse, le Sruc (université écossaise), l’USAMVBT (université roumaine), l’Agris Sardegna (centre de recherches et expérimentations sarde), etc.
Des délégations aux compétences diverses
Chaque délégation regroupe néanmoins des profils professionnels diversifiés tels que des chercheurs, des vétérinaires, des éleveurs, des conseillers en élevage et des techniciens. Sheepnet, c’est la possibilité pour plusieurs pays européens de se pencher ensemble sur des problématiques communes sur l’élevage ovin. En premier lieu, ce sont les besoins et l’état des connaissances liées à ces besoins qui ont été identifiés et décidés entre les pays. Pour répondre à ces problématiques, chaque délégation a proposé des solutions, des grands principes et des avancées majeures. Le but étant d’augmenter l’efficacité de la reproduction, de la gestation et de réduire la mortalité des agneaux. Pour mettre en application ces solutions, chaque pays a dressé un catalogue des pratiques innovantes identifiées dans les élevages des réseaux nationaux. Parmi ces listes de bonnes idées, certaines ont fait mouche en apportant une solution parlant au plus grand nombre. Ces trucs et astuces ont été votés pour être mis en place dans les élevages dans chaque pays. « Il y a trois niveaux de travail dans Sheepnet, développe Myriam Doucet, cheffe de projet à l’Institut de l’élevage. Tout d’abord, sur le terrain et dans chaque pays, un réseau de fermes innovantes s’est créé et a fait remonter les trucs et astuces. Ensuite, des journées nationales sont organisées pour choisir quelles idées seront portées au troisième niveau, c’est-à-dire l’international ». Les membres du réseau Sheepnet se sont déjà réunis trois fois au niveau international. En Écosse, pour identifier les besoins communs, en Roumanie pour choisir les solutions les plus adaptées et en Espagne pour élire les pratiques innovantes à mettre en place. Pour la troisième rencontre, les membres du réseau Sheepnet se sont retrouvés en juin à Vitoria, dans le Pays basque espagnol. Les 70 participants ont pu profiter des deux jours passés sur place pour découvrir l’élevage ovin local à travers la visite de deux exploitations, une en brebis allaitantes et l’autre produisant de l’Idiazabal, fromage de brebis AOP. S’en est suivi une présentation du centre de recherche agronomique Neiker où ont pris place les ateliers thématiques de Sheepnet.
73 trucs et astuces pour améliorer la productivité
En tout ce ne sont pas moins de 73 trucs et astuces qui ont été présentés par les six pays initiaux, complétées par trois propositions venant d’Australie et de Nouvelle-Zélande. L’assemblée s’est également enrichie de nouvelles délégations puisque à l’occasion de cette quatrième rencontre, l’Allemagne, la Hongrie et le Portugal étaient représentés. « C’est la première fois que je participe à Sheepnet, raconte Michel Pierrefixe, technicien ovin à la ferme expérimentale du Mourier. C’est une belle occasion de découvrir les pratiques de nos voisins et de remettre en question les nôtres. On voit bien que nous n’avons pas toujours les mêmes problématiques ni les mêmes solutions selon les pays. » Malgré la barrière parfois contraignante de la langue, les discussions vont bon train, parfois aidées de gestes et de mimes pour mieux se comprendre entre consorts internationaux. Ce dossier présente une sélection de ces idées astucieuses, majoritairement pensées, mises au point et réalisées par des éleveurs. La plupart sont issues du génie du bricolage, pour un faible coût de production et une aide au quotidien sur la ferme. Ces trucs et astuces sont ici classés selon quatre catégories : le bien-être animal et les soins vétérinaires, l’amélioration de la productivité, e confort au travail de l’éleveur et la facilitation de l’agnelage et de la maternité.