Aller au contenu principal

Du pâturage tournant pour optimiser l’herbe

Éleveurs de 570 brebis en bio, Roland et Marie Lachaume misent sur le pâturage tournant et une conduite rigoureuse du sanitaire et de la reproduction.

En bio depuis 1994, Roland et Marie Lachaume, qui élèvent 570 brebis à Le Dorat en Haute-Vienne, sont satisfaits de cet engagement. Sans leur rajouter beaucoup de contraintes vu leur mode de production à l’herbe, cela leur a permis de mieux valoriser leur production grâce à l’écoulement de 80 % de leurs agneaux en circuit court auprès d’un boucher de Bordeaux. « Le bio, ce n’est pas compliqué, témoigne Marie Lachaume, cela demande juste d’être rigoureux, et de faire un peu plus de papiers pour bien noter tous les animaux traités ». En effet, le nombre de traitements autorisés est limité et les délais d’attente doublés. Mais les traitements antiparasitaires restent possibles si les coproscopies le justifient. « Et comme on ne vend que 80 % des agneaux en bio, on peut passer en conventionnel ceux qui sont un peu critiques. »

Quatre jours maximum sur une parcelle

Les éleveurs ont misé sur le pâturage tournant pour valoriser au maximum l’herbe. Les huit hectares de céréales destinés aux animaux mis à part, toute l’exploitation est divisée en îlots de 1,5 à 2,5 hectares de prairies. Les animaux en lot d’une centaine de brebis et leurs suites restent deux à trois jours sur une parcelle avant de passer à la suivante. « Il ne faut pas excéder quatre jours car au-delà, la parcelle est souillée, ça sent mauvais et les brebis vont chercher à sortir », commente l’éleveur. Quand la pousse de l’herbe est bonne il est possible de retourner sur une prairie sous 15 jours. Les prairies, temporaires, sont semées avec un mélange ray-grass anglais, dactyle, fétuque, fléole, lotier, trèfle blanc, trèfle violet, et depuis un an, plantain et chicorée, avec une concentration de 28 kilos par hectare. Elles sont broyées et un compost est appliqué une fois tous les trois ans. Les paddocks sont séparés par des clôtures constituées de deux fils électrifiés. « Cela suffit à arrêter les brebis sans problème », assure l’éleveur. L’eau arrive dans toutes les parcelles. « Nous avons toujours investi au fur et à mesure pour avoir de l’eau dans toutes les parcelles et se soulager de cette contrainte ».

Des échographies systématiques

En général, les brebis sont rentrées deux à trois mois l’hiver en bergerie. Les éleveurs ont réussi progressivement à désaisonner naturellement leur troupeau et 300 brebis sont mises en lutte en juin-juillet avec un taux de réussite de 80 %. Les premiers agneaux nés en novembre sont élevés 100 % en bergerie mais pour les derniers agnelages, de mi-décembre à mi-janvier, les simples sont sortis au sevrage en étant complémentés au pâturage. 150 brebis et une centaine d’agnelles sont mises en lutte en fin d’année. Leurs agneaux nés de février à mai sont allaités et finis au pâturage avec constitution de deux lots différents en fonction de leur âge. Après le sevrage, les mâles vont pâturer des jeunes prairies en passant avant les brebis dans la rotation tandis que les agnelles sont mises sur des radis fourragers semés en dérobée. Toutes les brebis sont échographiées. Cela permet de repasser les brebis vides avec le lot d’agnelles en fin de saison, et de les alloter pour adapter l’alimentation selon la taille de la portée : seules les mères à doubles seront complémentées avant l’agnelage. Et ainsi, les brebis restées vides du début à la fin du cycle partent à la réforme. « Nous avons cherché un spécialiste qui réalise les échographies sur l’animal debout. Deux heures suffisent pour échographier un lot de 300 brebis » rapportent les éleveurs.

Une bonne productivité pour une faible consommation en concentré

Les résultats techniques sont bons avec un taux de productivité numérique de 1,16 et une consommation globale de concentré de 85 kilos pour le couple mère-agneau contre 138 kilos pour les exploitations du réseau. Par contre, les résultats économiques sont un peu plus faibles que ceux de la moyenne du réseau, et le coût de production plus élevé (16 euros par kilo de carcasse contre 12 en moyenne), ce qui s’explique par le coût du travail. En effet, Marie Lachaume est salariée de l’exploitation. Ici, avec une exploitation en rythme de croisière et des exploitants proches de l’âge de la retraite, ce statut social s’avérait plus intéressant. Avec un prix moyen de l’agneau de 8,99 euros par kilo vendu en bio, contre 6,15 en conventionnel, la valorisation globale des agneaux et le produit de l’exploitation sont meilleurs que dans la moyenne des élevages du réseau.

Chiffres clés

570 brebis texel
76 hectares dont 68 en herbe
2 UTH

Les plus lus

Maxime Taupin
« On a beaucoup diversifié, j’ai besoin de revenir au métier d’éleveur ovin »
Maxime Taupin est en Gaec avec ses parents sur une exploitation multi-ateliers, entre troupe ovine, grandes cultures, vente…
Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
Guillaume Maman
« J’ai créé un atelier ovin complémentaire des grandes cultures avec un minimum d’investissement »
Dans le nord-est de l’Aube, Guillaume Maman a repris l’exploitation familiale orientée grandes cultures et a créé un atelier ovin…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Laurent Loury, sélectionneur ovin
"A cause de la FCO, je vais manquer d’agneaux, de brebis et mes reproductrices sont bloquées sur ma ferme"
Laurent Loury est sélectionneur de brebis Ile de France dans l'Oise. Son troupeau est contaminé par la FCO3, les pertes animales…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre