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« Dans les vignes, les brebis désherbent, fertilisent et piétinent les herbes sèches »

Dans l’Hérault, Grégory Besnier valorise son savoir-faire de berger pour mettre en œuvre un projet pastoral à l’échelle de deux communes. Il mise sur différentes surfaces pour sécuriser le pâturage de son troupeau.

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Grégory Besnier est éleveur de 320 brebis allaitantes qu'il conduit en pâturage sur deux communes et des parcelles très diversifiées.
© J.-B. Roubinet

C’est en répondant à un appel à projets de la commune de Félines-Minervois (Hérault) en tant que berger sans terre que Grégory Besnier – qui a été berger salarié durant dix années – a atterri dans le Minervois, une zone viticole à cheval sur les départements de l’Aude et de l’Hérault. Il conduit son troupeau sur des parcelles communales et d’autres surfaces privées et publiques sous contrat.

Son année de pâturage est rythmée en deux temps sur deux communes : de mars à octobre le troupeau pâture à Félines-Minervois, puis sur la commune voisine de Laure-Minervois (Aude) où les domaines viticoles sont plus nombreux et de tailles plus conséquentes.

Deux communes pour le pâturage

Avant de se lancer, Grégory s’est assuré de son futur environnement de travail. À Félines-Minervois, il bénéficie d’un foncier sécurisé, tandis qu’à Laure-Minervois, des contrats oraux avec des viticulteurs lui assurent des ressources fourragères diversifiées et suffisantes pour l’alimentation de son troupeau à l’année.

<em class="placeholder">Joan Fournil, vigneron</em>
Joan Fournil est vigneron en agriculture biologique. Il pratique le vitipastoralisme sur ses parcelles depuis 2017. © J.-B. Roubinet
Joan Fournil, vigneron en agriculture biologique, pratique le vitipastoralisme depuis 2017 en collaboration avec Grégory. Initialement, leur partenariat visait l’entretien des garrigues, l’ouverture des milieux pour se prémunir du risque d’incendie et le pâturage des surfaces de grandes cultures, sainfoin et luzerne.

Réduire les interventions mécaniques dans la vigne

Puis au fil du temps, le pâturage des vignes s’est mis en place et permet aujourd’hui à Joan d’économiser un passage d’interceps. « Je réalise en moyenne trois à quatre passages d’interceps par an. Grâce aux brebis, qui remplacent le premier passage, j’économise une intervention et cela me permet d’être tranquille presque un mois et demi », précise le vigneron.

Lire aussi : Dans le Gard, les brebis fertilisent les vignes

« Le désherbage est mieux fait, les brebis mangent tout, c’est uniforme partout. En plus, leurs fèces apportent de la fertilisation organique en complément des engrais verts, et leur piétinement couche les herbes sèches », détaille Joan Fournil, ravi que les brebis se régalent de la fausse roquette qui pousse dans le couvert ou entre les ceps, une plante qui a tendance à bourrer les machines lors du passage.

Une gestion optimisée des surfaces

Tous les rangs sont semés avec un couvert végétal, dont la composition varie selon les années : orge, blé, avoine ou moutarde, vesce, féverole. « Les brebis mangent bien le couvert même si elles ne raffolent pas de la féverole. Elles se sont habituées et la mangent en dernier. »

<em class="placeholder">Le troupeau ovin de Grégory Besnier</em>
Grégory commercialise ses brebis auprès de maquignons ou en vente directe en fonction de sa charge de travail. © J.-B. Roubinet
Le troupeau est parqué grâce à des filets mobiles et pâture environ 1,5 hectare par jour. Les clôtures sont installées quotidiennement ou tous les deux jours, en évitant les zones de remises des sangliers afin de prévenir d’éventuels dégâts sur les filets ou avec les patous. « Il est très important de pouvoir mettre le troupeau à l’abri en cas d’intempéries, d’avoir une solution de repli pour le sortir des vignes et des champs », conseille Grégory qui déclare les parcelles de garrigues pâturées chez Joan Fournil à la politique agricole commune, ce qui lui permet de bénéficier des aides associées à l’utilisation et à l’entretien des surfaces pastorales.

Une sécurisation foncière

Grégory s’est heurté à un morcellement du parcellaire entre les différents secteurs de pâturage. Néanmoins, des adaptations de la boucle de pâturage et des discussions ont permis de la sécuriser avec le temps. « Nous avons des accords oraux sur les terrains pâturés, mais les gens peuvent changer d’avis du jour au lendemain. Une bonne communication est essentielle. Il faut entretenir de bonnes relations, faire attention à nos bêtes et à nos chiens pour que tout le monde puisse s’entendre. »

Une volonté politique forte a également joué un rôle clé dans la pérennisation de ce projet. La commune héraultaise a permis l’existence de contrats pluriannuels renouvelables, puis, sur la base du constat des bénéfices mutuels et d’une confiance acquise, a abouti à la signature d’un fermage. Cette contractualisation sécurise le travail de Grégory, le protégeant des prochaines élections municipales qui pourraient impacter le projet agricole sur le territoire.

Chiffres clés

320 Mérinos d’Arles

3 chiens de protection

3 chiens de conduite

650 ha de communaux garrigues

100 ha domaines viticoles

Conduite en parcs mobiles 100 % à l’herbe

Domaine viticole à Laure-Minervois (un seul tenant) :

16 ha garrigue

10 ha luzerne et sainfoin

9 ha de vigne

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